- Accueil
- > Technologie
- > Les chinoises
- > Seisme Tianjin
Seisme Tianjin
QUELS SONT LES RISQUES D’UN TREMBLEMENT DE TERRE A TIANJIN ?
Tianjin se trouve dans une plaine à l’embouchure du Hai He et à l’extrémité nord du Grand Canal de Chine, qui relie le Fleuve jaune (黃河) et le Yangtze (长江).
A Tianjin, la possibilité de la survenance d’un tremblement de terre existe de manière précise. L’hypothèse d’une cassure terrestre n’est pas à exclure.
En cause, la structure géologique de la Chine marquée par une forte instabilité. Associée à la plaque eurasienne, la plaque du Chang Jiang (Yang-tsé-Kiang ou le fleuve bleu) est appelée a bousculer sévèrement le nord du pays, entre autres, les municipalités de Beijing et Tianjin, très densément peuplés.
Le risque pour Tianjin est donc celui d’un séisme d’origine tectonique lequel est le plus fréquent et dévastateur.
Le précédent de Tangshan
Le 28 juillet 1976 à 3 h 52 du matin, la ville de Tangshan à 120 km au nord de Tianjin a été le théâtre d’un séisme terriblement meurtrier. Situé dans la province du Hebei, Tangshan comptait alors environ un million d’habitants.
Selon les chiffres officiels, le bilan du tremblement de terre, l’un des plus meurtriers de l’histoire, fut de 242 419 morts. Cependant certaines sources en totalisent deux fois plus.
Le tremblement de terre fit également de nombreuses victimes à Tianjin, près de 20 000 personnes. Un monument sur l’avenue Nanjing Lu (Tianjin) a été érigé en leur souvenir.
Certitude imparable
S’il est impossible de prédire avec exactitude la date de la survenance d’un nouvel épisode sismique, il s’agit d’une certitude imparable.
Malgré cette perspective, l’invraisemblable croissance de la région légitime l’existence d’un doute sur la réelle volonté des autorités de tenir compte de cette donnée incontournable.
Car, en dépit d’un terrain fragile et marécageux, la région connaît une croissance rapide rythmée autour d’une industrialisation et d’un développement urbanistique effréné.
Un terrain plat, fragile et marécageux
La majorité de la superficie de la Municipalité de Tianjin se situe à seulement 4 mètres de hauteur du niveau de la mer.
A l’exception d’une partie vallonnée et montagneuse au nord (district de Jixian), la partie plate du territoire de Tianjin rassemble la majorité de la population, soit près de 11 millions d’habitants.
Sur la zone côtière, le district Bīnhǎi Xīn Qū offre un niveau d’élévation rarement au delà des deux mètres. L’essentiel de ce territoire est constitué d’anciens marécages lequel compte aussi avec une forte charge sédimentaire.
Une charge urbanistique insoutenable
Malgré cela, Tianjin fait l’objet d’un développement impressionnant. En 2010, le taux de croissance approchait les 15 % avec une pointe de 20 % pour le Bīnhǎi Xīn Qū.
Cette situation est liée à la décision prise par le gouvernement chinois, en 2006, de faire du Bīnhǎi Xīn Qū une zone de développement phare de la Chine après celles réalisées successivement à Pudong et à Shenzhen.
Selon cette perspective, le district qui englobe la ville de Tanggu, en bordure de mer, est appelée à abriter 2 millions de personnes dès 2020 alors qu’il compte déjà 800 000 habitants.
Dès lors le paysage urbanistique devient presque délirant avec un nombre toujours plus accru de quartier rassemblant des carrés de barres d’immeubles de trente à quarante étages. Outre la laideur des édifices, il convient de s’interroger des conséquences d’une telle densité sur un terrain par trop fragile.
La masse de béton exerce une pression sur le sol. A plusieurs endroits, de légers glissements de terrain ont été observés.
Forte densité industrielle
Depuis trois décennies, notamment, avec l’aménagement du parc industriel de TEDA, Tianjin affirme une forte vocation industrielle.
Une politique d’accueil très dynamique couplée avec la disponibilité en terrain explique le succès cette opération. De nombreuses entreprises internationales se sont installées à Tianjin.
A cela s’est ajoutée, depuis 5 ans, la relocalisation ou la migration d’industries polluantes de Pékin vers Tianjin. Certes cela renforce le potentiel industriel de la zone mais là encore, il ne tient pas compte de la fragilité des sols.
Bien que cette situation soit avérée, en toile de fond de l’absence d’une prise en compte de ce problème, le dogme de la croissance de la production à tout prix. Cette orientation ne permet une véritable réflexion sur les conséquences supposées d’un tremblement de terre de grande ampleur.
Tsunami à Tianjin
Si donc, les eaux du Bohai étaient le théâtre d’un tremblement de terre d’une certaine ampleur, les ondes sismiques pourraient dégager une déferlante jusqu’à Tianjin.
Selon les données du Bureau météorologique de Tianjin (Tianjin Meteorological Bureau), la mer de Bohai, présentant une profondeur de seulement 25 mètres en moyenne, serait peu propice à la survenance d’un tsunami.
Cette position « par trop arrêtée » est contestable dans la mesure ou l’épicentre pourrait avoir lieu directement dans la mer de Bohai.
De surcroit, le district maritime de Tianjin ne dispose pas de protection naturelle pas davantage de digues ou de barrage adaptée pour contrecarrer d’éventuels effets dévastateurs.
Des conséquences d’un tremblement de terre
Dans l’hypothèse d’un épicentre proche de la Ville de Tianjin, les conséquences seraient alors très importantes.
Outre le tremblement de terre, il faudra probablement compter avec la survenance d’un tsunami dont les effets seraient peu ou prou insurmontables.
Compte tenu de la géographie locale avec un niveau d’élévation des terres seulement de 4 mètres, la déferlante pourrait se déchainer sur une surface de 6500 km2. Outre la partie côtière, le tsunami pourrait dangereusement nourrir le fleuve Hai He lequel traverse le centre de Tianjin (Heping district).
La présence massive d’usines, notamment, chimiques et polluantes, le grand nombre de dépôts industriels entraineraient des conséquences en chaîne. En outre, le reflux de la vague vers la mer bousculerait l’écosystème de la mer de Bohai, déjà très affecté par d’innombrables rejets industriels.
Si il est difficile d’évaluer le cout d’un tel désastre, en revanche, il apparaît probable que la ville de Tianjin souffre alors d’une totale paralyse. De surcroit, la ville de Pékin serait affectée en raison de la rupture de l’acheminement des produits et équipements soit depuis le port Tianjin soit depuis les nombreux sites industriels de la ville.
Molle préparation
Aujourd’hui, les autorités de la Municipalité sont peu préparées à l’éventualité d’une catastrophe naturelle.
Certes des comptes rendus concernant l’activité sismique sont disponibles au Bureau des Mines de la ville de Tianjin et au service des archives de certains districts. De même, l’université de Tianjin dispose d’un Département « Géologie » lequel procède à des études épisodiques. Toutefois, un argumentaire fort peu scientifique accompagne souvent ces documents, à savoir que la probabilité de la répétition du tremblement de Terre de Tangshan, survenu en 1976, ne pourrait pas avoir lieu avant 4000 ans !
Mollement inquiètes par cette perspective, les autorités n’ont pas vraiment mis en place un système d’alerte en rapport. Pourtant la présence d’industries stratégiques autant que la masse de la population devraient suggérer une attention accrue.
Des lors, le système d’alerte demeure vague. Une note aux différents districts de la ville ce qu’ils devraient faire dans l’éventualité d’une telle situation. Libre à chacun d’en faire connaître les dispositions. Ces recommandations sont rarement affichées dans les bureaux des administrations. Lorsque les autorités sont interrogées sur ce sujet, elles sont embarrassées, se retranchant le plus souvent derrière les informations peu argumentées du Bureau météorologique de Tianjin (Tianjin Meteorological Bureau),
A ce jour, aucune simulation ou entrainement collectif n’a été mis en œuvre. Faute d’une organisation extrêmement rodée, les conséquences d’un tremblement de terre pourraient être donc très significatives.
François de la Chevalerie (Junma)
Mars 2011
RAPPEL HISTORIQUE
TANGSHAN (28 juillet 1976)
Le tremblement de terre de Tangshan, épicentre du séisme, eut lieu le 28 juillet 1976 à 3 h 52 du matin.
Tangshan dans la province du Hebei comptait alors environ un million d’habitants. Selon les chiffres officiels, le bilan du tremblement de terre, l’un des plus meurtriers de l’histoire, fut de 242 419 morts, alors que certaines sources en totalisent trois fois plus.
Le tremblement de terre fit également de nombreuses victimes à Tianjin (20 000), distance seulement de 150 Km de Tangshan.
Un monument sur l’avenue Nanjing Lu (Tianjin) a été érigé en souvenir des victimes.
SICHUAN (12 mai 2008)
Plus récemment, le tremblement de terre dévastateur qui a frappé le Sichuan, le 12 mai 2008, a été ressenti à Tianjin comme d’ailleurs partout à divers degrés en Chine.
Le séisme de magnitude 7,9 aurait été provoqué par la rupture d’une barrière rocheuse séparant deux plaques tectoniques lequel a provoqué des secousses en cascades. Ces barrières limitent en principe les effets des secousses telluriques. Il faut rappeler que rien ne laissait prévoir le séisme sur la faille de Beichuan, dans la zone de Longmen même si la présence de bordures de plaques tectoniques à cet endroit est connue. L’implantation de villes sur la zone d’intersection des plaques où s’était concentrée la pression de la croûte terrestre suggère que le phénomène naturel est la première cause des terribles destructions et pertes humaines à Yingxiu, Beichuan et Nanba, estime Zheng-Kang Shen.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.