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Vase de mer
(en français, espagnol, anglais et italien)
Un article de Daniel Levacher et François de la Chevalerie
L’exploitation de
la vase marine, projet Franco Chinois
Le coût des matières premières aiguise l’intérêt des chinois pour l’exploitation de nouvelles sources d’énergie. Dans le domaine de la construction, la situation est tendue avec un taux de croissance de 14 % en rythme annuel qui n’est pas prêt de s’essouffler. C’est dans ce contexte que la vase marine fait l’objet d’une attention particulière. Jusque là la méthode consistait à aspirer les boues entassées dans les ports pour les rejeter ensuite en eaux profondes. Ajoutée aux risques écologiques, cette pratique s’avère parfois insuffisante en raison de l’envasement croissant des bassins portuaires. Déjà en surchauffe d’activités, les ports chinois souffrent donc de difficultés de navigation préjudiciables à leur développement. Une solution alternative s’impose.
Disponible dans les terrains sablonneux des avants ports, la vase de mer pourrait apporter une réponse. Sa valorisation devrait permettre à moyen terme la fabrication de matériaux de construction (remblayage des routes, sous-couches, bordure de trottoirs, allées piétonnes, brique, etc.). Déjà exploitée dans les provinces de Jilin, de Shandong et à Tianjin pour le remblayage des routes, les expériences menées en Chine s’apparentent à des démarches artisanales. Titulaires le plus souvent de licence de dragage, des entreprises locales en assurent l’exploitation selon un cahier des charges approximatif obtenu auprès de chaque autorité portuaire. Après avoir extrait la vase du bassin portuaire, le plus généralement la vase est stabilisée ou solidifiée à l’aide de ciments, de chaux et autres additifs. Cependant l’analyse des sédiments demeure rudimentaire. D’une ville à l’autre, les contraintes environnementales sont appréciées diversement.
Bien qu’il existe en Chine une Loi de l’eau, le flou demeure sur le niveau de pollution chimique ou bactériologique toléré. Toutefois si le risque de toxicité peut-être envisagé pour la réalisation de sous couche routière, une extrême prudence concerne la réalisation de produits nobles, telles les briques. Le risque sanitaire d’un produit conglomérant des matières nocives est redouté. Conscients de ces difficultés, les autorités chinoises cherchent à se doter de moyens technologiques appropriées pour expurger la vase des impuretés et lui donner in fine une solidité pérenne. Par ailleurs, souhaitant démentir son image de mauvais élève de la pollution mondiale,
la Chine est déterminée à diminuer le largage de la vase en eaux profondes. Le projet aujourd’hui est de doter les ports de laboratoire capable d’évaluer la toxicité de la vase de mer. Seulement voilà chaque port offre un assortiment variable de matières ingrates : métaux, microorganisme, hydrocarbure, azote, phosphore, etc. Ainsi, la valorisation de la vase de mer n’est pas réductible à une recette unique. Le Génie côtier ou du littoral est la science qui appréhende cette complexité. Aujourd’hui, la recherche dans les universités chinoises est en retrait par rapport aux ambitions exprimées. D’où la présence de doctorants chinois dans des unités de recherche, notamment, en France et aux Pays-Bas. La problématique est doublement posée : Comment déshydrater la vase ? Comment l’expurger ? Quelle est la meilleure formule pour débarrasser complètement les produits réalisés à partir de la vase de mer de toutes impuretés ? En inoculant une solution chimique qui neutraliserait les matières dangereuses ? D’autres solutions ?
Dans l’espoir d’apporter une réponse, Paneurochina (Zhong Ou Lu), société franco chinoise, travaille sur un projet mêlant technologie et contraintes environnementales dans la perspective de fabriquer des matériaux de construction. En rassemblant des institutions ou chercheurs compétents en Europe sur le thème de la valorisation de la vase de mer, elle souhaite en porter le développement industriel sur le marché Chinois où la demande en matériaux de construction est énorme. Ce projet devrait débuter en 2006 dans l’avant-port de Tianjin où une vaste zone est promise à l’exploitation de la vase de mer.
Selon une étude du Ministère de l’Industrie chinois, l’utilisation de sous-produits issus de la vase de mer pourrait générer des économies à hauteur de 50%, notamment, dans le domaine, du remblayage des routes. Ce marché pourrait représenter jusqu’à 5 Milliards de dollars en 2010. Ces estimations pourraient être revues à la hausse si, comme c’est le cas aujourd’hui, le prix des matières premières ne cesse de se renchérir. D’après des études préliminaires menées dans les villes de Beijing, Chengdu, Dalian, Tianjin et Shenyang, les Chinois se déclarent prêts à acquérir des briques issues de la vase de mer pour la construction de leurs maisons. L’arrivée d’un nouveau produit compétitif devrait donc être bien accueillie.
Sustainable Development : the sea mud case
Crude oil increasing costs have sharpened deep interest for new sources of material. In this context, sea mud is subject of stronger attention. Until now, the method has consisted in extracting sea mud located in ports and then rejecting them 5 to 10 miles away, in deep waters. Added to ecological risks, this practice has been costly and mostly inefficient.
Available in the sandy grounds of front ports, sea mud could bring an alternative solution. Its technical development should allow the production of construction materials (road embankments, borders pavements, pedestrian alleys, bricks, etc.). Already exploited for road embankments in China, the so called products have not really been based in an industrial process. Local companies, mostly sea mud dredging companies, carry out developments, according to approximate technical conditions. After having extracted sea muds from harbor-basins, sea mud is stabilized or solidified with cements and other additives. However sediments analyses are rudimentary, dangerous components could remain into the consolidated mud (metals, micro-organisms, hydrocarbons, phosphorus…).
Up to now, chemical or bacteriological pollution is somewhat tolerated in China. However if a certain toxicity level has been admitted for road underlayers, it seems impossible in building products like bricks. Chinese authorities have been seeking to obtain technological means suitable to take out impurities from sea muds and to give it a perennial solidity. In addition to that, China would like to decrease the sea muds’ polluting pouring process into deep waters in order to get rid of its bad boy’s image. Today Chinese are setting up a laboratory to better appraise sea muds toxicity. But sea muds development does not boil down to a single recipe. Each sandy ground is different. Coastal Genius science deal with this complexity. The question is: which is the best formula to completely remove all impurities from sea mud ? By inoculating a chemical solution? Or by using other solutions?
According to a survey from the Chinese Industry Ministry, sea mud materials could generate a 50% economy, in particular in road embankments. This market could represent up to 5 Billion dollars in 2010. These estimates could be re-examined if the price of raw materials continues to increase. According to studies undertaken in Beijing, Chengdu, Dalian and Shenyang, Chinese people will welcome bricks resulting from sea’s mud for housing construction if the product should be competitive. Paneurochina (Zhong Or Lu), an Euro-Chinese company, has been working on a project mixing environmental technology and ecology constraints. By gathering qualified institutions or researchers in Europe, Paneurochina plans to carry out a sea muds industrial process in China, where demand for building materials is massive. The project should begin in 2006 (Tianjin).