Matières premières
Présentation
Depuis son ouverture et son engagement dans des réformes économiques au début des années 80, la Chine connaît une croissance continue de son PIB. Ainsi de 1990 à 2008, le taux de croissance réel annuel du PIB a été en moyenne de 10% et ce, malgré la crise asiatique de juillet 1997. En dépit de la décroissance de l’activité observée avec la crise financière de 2008 avec un chiffre ramené à hauteur de 7/8 %, l’objectif fixé en par le PCC de quadrupler le PIB chinois d’ici 2020 est toujours maintenu
Dans ce contexte de primauté du développement économique, deux problèmes se posent clairement, la sécurité énergétique et la pénurie d’électricité.
La sécurité de l’approvisionnement en énergie primaire
Pétrole
En 2007, la Chine a importé environ 80 millions de tonnes de pétrole, ce montant venant en complément de la production nationale. A compter de 2010, la production baissera. A cette date, la Chine dépendra davantage des importations pour répondre à ses besoins. Selon des prévisions, en 2010 les importations devraient se monter à 150 millions de tonnes et à partir de 2020, la Chine devrait importer chaque année 300 millions de tonnes de pétrole soit 64% de sa consommation.
Deux enjeux se posent : le problème de la fragilité de l’approvisionnement venant du Moyen-Orient (qui représente plus de 50% de ses importations totales de pétrole), mais aussi des incertitudes liées aux projets d’approvisionnement en hydrocarbures russes.
Un déficit électrique structurel
En 2008, le déficit en électricité était de l’ordre de 15 000 MWe en moyenne (environ 4% de la capacité de production du pays) et de 40 000 MWe en heure de pointe. Manque donc une capacité de production non négligeable afin de disposer d’une marge de manœuvre afin d’écarter tout risque de rupture et répondre aux besoins futurs. Dans l’absolu, Il est nécessaire de disposer d’une surcapacité de production pour parer à toute éventualité. Et la situation ne devrait pas s’arranger avant 2010 car le taux de croissance de la consommation (15 % en 2003 !) est toujours supérieur à celui de la capacité de production (8% en 2003).
Une volonté affichée de développement durable
La Chine est signataire du protocole de Kyoto qui bien que non quantitatif montre sa volonté (tout du moins politique) de tenir compte de la protection de l’environnement. Dans le cadre aussi de la protection de l’environnement, la Chine a prévu de diminuer ses rejets de dioxyde de soufre de 10% (dus pour 50% aux centrales thermiques). 10 à 20% de cette réduction devra venir du secteur électrique.
D’autant plus que la consommation d’énergie primaire et en particulier de charbon repart à la hausse suite aux baisses enregistrées de 1996 à 2000 consécutives aux réformes de M. DENG Xiaoping qui avait mené à la fermeture de nombreuses petites installations de production très polluantes et à la rationalisation de la production industrielle (l’industrie représente plus des 3/4 de la consommation électrique). La Chine doit donc rapidement diversifier ses moyens de production électrique sous peine d’atteindre des consommations de charbon record.
Conclusion
Les choix de la Chine s’orientent vers une diversification de son approvisionnement énergétique et un rééquilibrage de son mix énergétique. Dans un même temps, elle réforme son secteur électrique et planifie de lancer un véritable programme électronucléaire.
Rééquilibrage énergétique et diversification de l’approvisionnement
Le gouvernement de Pékin compte renforcer tout d’abord son offre interne :
Développer de façon plus substantielle le gaz qui représente une part extrêmement faible de sa consommation énergétique (environ 3%). Ainsi la Chine développe un réseau gazier Ouest-Est car les ressources gazières chinoises sont nombreuses mais mal développées et géographiquement réparties de façon inégale.
Augmenter sa capacité de production électrique en particulier grâce à l’hydroélectricité encore largement sous-exploitée et par un développement de l’électronucléaire (voir plus loin).
Il devrait favoriser aussi sa relation avec la Russie afin de profiter de ses ressources en hydrocarbures (dont le gaz) et à plus long terme coopérer avec les Etats d’Asie centrale pour de grands projets de pipeline et des développements communs de capacité d’exploitation.
Évolution du secteur électrique
Force est de constater que le charbon et l’hydraulique sont les deux sources essentielles du secteur électrique en Chine. La tendance vers un rééquilibrage de l’utilisation des ressources énergétiques qui se manifeste depuis 1996 devrait se poursuivre mais de manière très modérée. L’hydroélectricité devrait voir sa part croître puisqu’elle va tirer partie de la politique de développement de l’Ouest, des efforts consentis pour améliorer le réseau et des préoccupations environnementales.
La réforme du secteur électrique décidée par la Commission d’Etat au Plan et au Développement (SDPC, aujourd’hui appelée CEDR) le 29 décembre 2002, séparant la production d’électricité et le transport dans le but de libéraliser le marché électrique devrait dans le long terme permettre une détente dans les tensions sur le marché électrique chinois. Néanmoins l’adoption de cette réforme ne débouchera pas sur une libéralisation totale du marché tant que la Chine n’assurera pas une stabilité sur ce marché par la mise en place d’une capacité de production suffisante. Et pour cela il faudra certainement attendre encore plusieurs années.
Le gouvernement lance de grands travaux afin d’améliorer en qualité et en densité les réseaux de transport et de distribution de l’électricité ; il souhaite qu’en 2015 l’ensemble des réseaux provinciaux et inter-provinciaux soit interconnecté avec comme point central le barrage des Trois Gorges. L’objectif étant d’acheminer l’électricité produite dans les provinces de l’Ouest (disposant de 80% des ressources hydrauliques exploitables) et du Nord (bénéficiant d’environ 70% des réserves en charbon) vers les régions côtières économiquement développées et en proie à de fortes croissances de la demande en électricité.
Enfin, l’électronucléaire devrait jouer un rôle modeste en pourcentage, mais important d’un point de vue quantitatif car la Chine entend posséder en 2020 36 000 MWe de capacité de production d’origine nucléaire, qui pourront servir à soulager les régions côtières surpolluées et loin des ressources telles le charbon et l’hydraulique.
La situation actuelle de l’énergie nucléaire en Chine
C’est dans cette perspective prometteuse que le gouvernement chinois apporte son soutien au développement de l’énergie nucléaire. Mais aujourd’hui le rôle dévolu au nucléaire est marginal : moins de 1,5% de l’énergie électrique produite.
Le tableau ci-dessous résume la situation présente du programme nucléaire civil chinois