Transfert ou partage technologique ? Une solution franco-chinoise !
Posté par ITgium le 27 avril 2009
Qu’il s’agisse des airbus ou d’équipements nucléaires, les transferts technologiques avec la Chine soulèvent des craintes. Certains évoquent une déperdition de valeur ajoutée. D’autres suggèrent de murer les frontières. Pourtant tout comme la recherche et l’innovation, le transfert technologique participe de la compétitivité d’une entreprise. Forte des interactions croissantes des connaissances, aujourd’hui, la durée de vie d’une technique se raccourcit. Inexorablement mouvant, tout procédé s’améliore, s’étoffe. Dès lors la vente d’une technologie éprouvée se conçoit comme une étape naturelle, nullement dramatique. De surcroît, rentable ! En 2003, la balance des paiements technologiques de la France affichait un excédent de 870 millions d’euros. Déjà la Chine est la première source de transferts technologiques pour l’union européenne. Enfin, les transferts ouvrent la voie à de nouveaux marchés. Au cours des 10 premiers mois 2006, la Chine a signé en totalité 8.692 contrats de transferts technologiques pour un montant de 18,74 milliards. A la clef, l’accès à un marché dont les consommateurs de produits et de services devraient atteindre 700 millions d’ici 2015. Cependant des entreprises usent de cette arme pour diminuer leurs coûts, notamment, leur charge salariale. Beaucoup s’y prêtent sur fonds de défaillance technologique. Faute d’un pari volontaire sur l’innovation, maîtrisant imparfaitement leur destin, elles délocalisent technologie et activités dans l’espoir de se maintenir. De ce même pas, elles exportent aussi des problèmes environnementaux, jouant sur une supposée bienveillance du pays d’accueil. Calcul aléatoire ! Non seulement elles s’étiolent mais elles bousculent aussi leurs sous traitants, obligés à leur tour de trancher dans le vif. De fil en aiguille, le démembrement s’annonce. Dans le sillage, des licenciements.
Dans le contexte franco-chinois, existe-t-il une alternative à cette situation ? En France, recherche et innovation technologique demeure un axe prioritaire comme en témoigne les pôles compétitivité. Cependant deux ombres au tableau. Les liens entre le monde de recherche et l’entreprise sont souvent marqués par la défiance. De fait, beaucoup de chercheurs éprouvent des difficultés à s’arrimer à un projet entrepreneurial, pas davantage ne sont-ils mieux entendus par les grands groupes ! Qui plus est, pour passer de l’idée au projet, toute innovation nécessite du temps, des essais. Cette exigence est souvent contrariée par l’absence de moyens et une réglementation par trop contraignante. Du coup, en France, beaucoup de chercheurs disposent de savoirs qu’ils ne peuvent pas mettre en oeuvre.
Longtemps considéré comme l’atelier du monde, la Chine est désormais l’un de ses laboratoires. Plus de 52 zones de développement de haute technologie, 700 centres R&D et 55 000 start-up s’y déploient. La R&D atteint désormais 1,34% du PIB, la part des entreprises chinoises étant en forte augmentation. Déjà, en 2004, la Chine est devenue le premier exportateur mondial d’équipements sur le marché des technologies. Outre son taux de croissance, l’affirmation de la puissance technologique de la Chine repose aussi sur l’existence de grands projets à rentabilité non immédiate. Dans ce cadre, la contrainte comptable est plus lâche, le canevas expérimental plus étendu, les axes de recherche plus variés. Cependant, dans certains secteurs, les retards technologiques pèsent. Ne s’y trompant pas, les autorités chinoises encouragent leurs étudiants à rejoindre les universités et grandes écoles occidentales.
Déstabilisée en France, s’affirmant en Chine, la recherche s’impose désormais à l’échelle mondiale. Mieux vaut s’accorder sur une démarche commune. Ainsi, ne pourrait-on pas favoriser le rapprochement entre universités et centres de recherche français et Chinois ? Nullement en décapitant la recherche française mais plutôt en lui offrant les moyens de s’exprimer pas seulement sur des planches d’essais mais en grandeur nature. En ouvrant aussi la porte à tous les créateurs, en leur donnant la chance de valoriser leur savoir au sein d’équipes communes. Les compétences s’agrégeraient pour configurer de nouveaux produits et expertises. De surcroît, cette orientation donnerait naissance à des entreprises par essaimage pour commercialiser les technologies mises au point. Au lieu de parler de transferts technologiques, il s’agirait de « partage technologique ». Les brevets qui en seraient issus seraient à la disposition de chaque pays. Cette méthode présente l’avantage de regrouper les énergies autrement que sous la forme d’un pillage de compétences. Pourquoi ne pas susciter de telles actions dans le secteur des énergies renouvelables et des marchés de l’environnement où la demande est importante ? Si d’aventure une telle initiative était engagée, les co-créations de nouvelles technologies devraient déboucher dans chaque pays sur de l’emploi, ce qui constitue le leitmotiv de toute ambition ! L’histoire nous enseigne que l’essor des civilisations s’épanouit dans le cadre des échanges. Au lieu de nourrir les peurs, de jouer chacun isolément, apportons ensemble une réponse constructive !
François de la Chevalerie & Jacques Humbert
Publié dans Echanges technologiques avec la Chine | Commentaires fermés