Les chinois, bouc émissaires de l’humanité ?
Posté par ITgium le 13 mai 2009
Le venin se répand déjà. Il se nourrit d’une mondialisation échevelée comme d’une actualité confuse. Il n’est pas à son premier coup d’essai. Dans les années 30, le péril jaune avait le visage d’un japonais. Aujourd’hui, il serait chinois. Que ne fait donc pas ce dernier pour cristalliser les peurs ? En France, les canons communs du racisme n’offrant guère de prise, que leur reprocher ? Une délinquance très faible ? Une natalité dans la moyenne ? Aucune revendication particulière ? A l’inverse, l’on observe une intégration économique réussie, un chômage ridiculement bas. De surcroît, ils ne doivent rien à personne, peu aux bienfaits de la République ! Qui plus est, ils sont discrets. Rien, absolument rien ne saurait suggérer la critique.
Comment alors vilipender son prochain ? Tout simplement en transformant ses qualités en défaut ! Leur retenue devient suspecte, leur goût forcené au travail comparé à de l’aliénation. Leur intégration ? Mais ils ne travaillent qu’entre eux ! Leur faible natalité ? Ils sont si nombreux ! La croissance exceptionnelle de la Chine ? Un danger ! Donc, désormais, pointés du doigt ! A Paris, des slogans hostiles résonnent sous prétexte qu’ils rachètent à tour de bras les baux commerciaux. Dans les universités américaines, naguère les étudiants chinois soulevaient l’admiration. L’on fustige maintenant des promotions comptant jusqu’à 40 % des leurs. Au Mexique, dans les villes frontalières des Etats-Unis, les chinois sont affublés de l’épithète de « malditos chinos ». L’on prétend qu’il serait à l’origine de la fermeture de 40 % de l’industrie locale de la sous-traitance. Au Maroc ou en Tunisie, la rage s’installe depuis que de nombreuses usines du textile sont à l’arrêt. En Algérie, l’on moque ces ouvriers du bâtiment payés hébergés dans des navires de fortunes ! En Italie, les industriels de la chaussure sont à cran. A Dakar, l’on s’émeut de voir l’artisanat ancestral fabriqué dans le Guandong. A Yaoundé ou Harare, l’on s’étonne de les voir envahir les étals. La charge s’emballe, s’abreuve de raccourcis. Telle usine fermée, c’est leur faute ! Telle perte d’emploi, toujours eux ! Complaisants, les politiques s’en mêlent. L’augmentation du prix des matières premières et l’invasion des produits chinois sont autant d’occasion de discours démagogiques. Profitant du climat général, des universitaires japonais lâchent une incidente : le Japon n’a pas à faire amende honorable pour son comportement pendant la guerre ! L’injure ne suffisant plus, ces dernières années en Indonésie, la chasse aux chinois a souvent été sonnée. Tout s’embrase, tout s’emmêle, de Mexico à Rome, de Casablanca aux campus californiens en passant par Djakarta, le bouc émissaire s’appelle désormais M. Li ou M. Wang.
Comment reprocher à un pays naguère famélique de s’en sortir ? Comment critiquer la volonté des chinois de s’épanouir aux quatre coins de la planète ? Ce peuple à l’histoire par cinq fois millénaire prend une revanche sur l’histoire. Il s’y accomplit avec une énergie dont beaucoup de pays gagnerait à s’inspirer. S’il faut pointer du doigt l’absence de liberté ou l’état de l’environnement en Chine rien ne permet de fustiger la l’augmentation du niveau de vie de leur population, leur dynamisme. Plutôt que de crier au loup en se gavant de slogans, cherchons à mieux les connaître. Comme s’y sont employées les années croisées France Chine, il faut créer du lien, des échanges, s’écouter, comprendre, ne pas voir peur. François de la Chevalerie
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