Máo Zédōng
Posté par ITgium le 18 avril 2017
Mon commentaire sur Máo Zédōng lequel n’est en rien celui d’un historien, seulement ma perception.
Selon moi, Máo Zédōng est le prototype du chinois, très ancré dans la culture millénaire de la Chine, très attaché à sa culture. Visionnaire, opportuniste et stratège, il cultive les paradoxes.
Cinq points :
(1) Máo Zédōng est un nationaliste (Mínzú zhǔyì zhě).
(1a) Sa position se situe dans la filiation de Sun Zhongshan lequel privilégiait absolument « l’unité nationale ». D’ailleurs, durant ses années au pouvoir, Máo Zédōng lui sera reconnaissant. Sòng Qìnglíng, la veuve de Sun Zhongshan, est Vice Présidente de la République Populaire de Chine.
(1b) Il faut rappeler que l’unité de la Chine n’était pas du tout acquise au début du XXème siècle en raison, notamment, de la place des Seigneurs de Guerre dans de nombreuses provinces chinoises (jūnfá).
(1c) D’une certaine manière, cette même thèse était défendue par Jiǎng Jièshí, son opposant majeur, notamment, lorsque Sun Zhongshan demande à ce dernier de créer l’Académie militaire de Huangpoa (Huángpŭ Jūnxiào).
(1d) Jiǎng Jièshí et Máo Zédōng militent donc peu ou prou pour la même cause. Ce qui d’ailleurs va les rassembler lors l’occupation Japonaise.
(1e) Même si l’historiographie chinoise ne veut pas toujours l’admettre, Il faut rappeler que l’unité nationale a été facilitée par l’invasion japonaise qui a détruit de nombreuses positions tenues par des Seigneurs de Guerre. Grâce à la destruction de ses contrepoids locaux, lors de l’avènement de la République populaire en 1949, le parti communiste a repris rapidement le pays en mains.
(2) Máo Zédōng est un communiste (gòng chǎn dǎng yuán).
(2a) Lors du premiers congrès du parti communiste (Zhōngguó Gòngchǎndǎng) en 1921 à Shanghai dans la concession française (fǎzūjiè, rue Huangpi), Máo Zédōng affiche un positionnement classique communiste, de prise du pouvoir par le peuple, dictature du proletariat (zhuān zhèng wú chǎn jiē jí) et de centralisme démocratique (mín zhǔ jí zhōng zhì).
(2b) Avec la consolidation de l’Union Soviétique, cette position va être confirmée et se durcir.
(2c) Toutefois, dès les années 30, Máo Zédōng s’appuie essentiellement sur le monde paysan (dont il est issu) et non pas ouvrier dans la conquête du pouvoir.
(2d) Ce positionnement « communiste dur” explique l’immense retard que prendra la Chine dans les années 50 et 60 pendant lesquelles la consommation de masse ne sera jamais privilégiée sinon rendue impossible.
(3) Máo Zédōng est un dictateur (dú cái zhě).
(3a) Par son intelligence, son charisme, son sens de l’histoire, son art de la guerre, Máo Zédōng domine le parti communiste dès les années 20. Son rôle se renforce durant la Longue Marche (Chángzhēng).
(3b) Une fois aux commandes du pays, son autorité dégénère en pouvoir personnel lequel aboutit au “culte de la personnalité » (gè rén chóng bài).
(3c) L’exercice solitaire du pouvoir aboutit à deux grandes erreurs catastrophiques: le grand bond en avant (Dà yuè jìn) et la révolution culturelle (wúchǎn jiējí wénhuà dàgémìng).
(3d) Máo Zédōng élimine tous ses supposés opposants (Liú Shàoqí, Lin Piao, Péng Déhuái) dont beaucoup ont pourtant porté seulement des « jugements de bon sens » (míng yǎn rén) sur certaines de ses actions (le grand bond en avant et la révolution culturelle). Ce qui affaiblit son régime et favorise le déclin de la Chine dans les années 60.
(4) Máo Zédōng est un lettré (shì dàfū).
(4a) C’est un aspect souvent oublié de sa personnalité, Mao est un lettré.
(4b) Il connaît très bien l’Histoire et la Culture de la Chine.
(4c) Il est l’auteur d’une poésie très vivante et à l’accent plutôt chaleureux.
(4d) Il est également l’auteur du Petit Livre rouge (Máo Zhǔxí Yǔlù) lequel est un recueil de citations extraites de ses discours.
(5) Máo Zédōng est un bon vivant (yǒu shēng yǒu sè).
(5a) Il aime danser, nager et bien manger.
(5b) Il a de nombreuses épouses, des maitresses (qíng fù).
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