Les plus belles femmes chinoises de tous les temps
Posté par ITgium le 6 janvier 2013
Les Récits de jùn mǎ 俊 马
de François de la Chevalerie, juillet 2011
Les plus belles femmes chinoises ou les plus célèbres, au choix
Cela m’étonne moi-même, je tombe souvent amoureux d’icônes du passé, de belles femmes qui ont marqué leur temps avec grâce, force, autorité et parfois de la poésie.
Peut être est ce lié à l’inexorable silence dans lequel elles se trouvent maintenues ou leur beauté plus jamais entachée par les assauts de l’âge.
Comme elles sont alors réellement inaccessibles, les sachant loin d’un regard concurrent, nulle tristesse dans mon cœur.
Leur mémoire appartient au tout venant comme à moi même, m’y osant.
Dans la mêlée, à ce palmarès, j’ai ajouté des plus jeunes, bien vivantes, bien en chair, qui illustrent avec élégance la modernité de la Chine d’aujourd’hui.
Voilà, ci après, quelques femmes dont je ne crains pas de dire qu’elles sont les plus belles chinoises par delà le temps, du moins, tel que je le ressens.
Catalogue imprécis et subjectif
Wǔ Zétiān (625 – 705)
Une belle autorité sur les hommes de l’époque
Malgré les critiques des historiens confucianistes, cette concubine a porté haut vers la lumière le flambeau de sa propre dynastie Zhou, seule impératrice de toute l’histoire de Chine.
Avec des sourcils arqués comme des antennes de papillon, elle était autoritaire, cruelle en ses heures.
Surtout une féministe avant l’heure bousculant des hordes d’homme, l’empereur Gaozong et sa troupe.
Zhou Xuan (1918 – 1957)
Jolie Jade, son nom, offre une silhouette gracieuse, un charmant profil.
Je l’ai revue au moins dix fois dans le film Les Anges du boulevard (馬路天使, malu tianshi) avec toujours une même question : comment le destin a-t-il donné vie à une femme aussi sublime ?
Jamais Jolie Jade ne reçut de réponse, ses parents biologiques lui furent toujours inconnus.
Je l’aimerais toujours, chantonnant à l’infini, Ye Shanghai.
Morte trop jeune, s’en allant doucement vers l’autre monde.
Lin Huiyin (1904–1955)
Un ami m’a dit : si tu veux connaitre la force romantique d’un couple chinois, plonge toi dans la vie de Lin Huiyin et de Xu Zhimo.
Couple illégitime, s’aimant dans l’ombre, se chahutant. Xu Zhimo admirait par trop celle qui deviendra la toute première architecte de chine.
Dans sa quête d’amour, il s’abîme, l’abîme aussi.
Le temps enfin de se dire Adieu et ils meurent tous deux comme enlacés vers le même destin.
Sòng Měilíng, Madame Tchang Kaï-chek (1898-2003)
Politique
Dans les années 40 et 50, le rêve de tout homme était de rencontrer de Madame Tchang Kaï-chek, femme d’une élégance sublime et au charisme époustouflant.
Dans les Vacances Romaines, Gregory Peck chahute aimablement Audrey Hepburn, dans le rôle d’une jeune princesse, en lui disant que son heureuse silhouette ne saurait surpasser l’allure de la Reine des Reines, Madame Tchang Kaï-chek.
Ce mot encore prêté à Cary Grant :”Toutes les plus belles stars d’Hollywood ne valent pas le regard de Madame”.
Dans les 40, elle parcourt les Etats Unis, prône l’intervention américaine aux côtés du Zhōngguó Guómíndǎng.
Hollywood l’admire, la célèbre comme une Reine mais Roosevelt puis Truman n’apporte pas leur soutien à cette cause.
Dotée d’une forte intelligence, Sòng Měilíng occupe inlassablement mon esprit comme le révélateur de la grandeur du peuple de Chine.
Wang Danfeng (1924)
Si j’étais né dans les années 20, je serais alors tombé éperdument amoureux de Wang Danfeng, célèbre actrice à la diction remarquable et au charme saisissant.
Elle me fait souvent penser à Gene Tierney, un peu froide en apparence mais au tempérament chaleureux, ne s’en laissant pas compter.
Sòng Qìnglíng, Madame Sun Yat-sen (1893-1981)
Sòng Qìnglíng, Madame Sun Yat-sen, deuxième épouse du Père de la Chine moderne offrait une beauté sage telle que je les aime.
A la mort de ce dernier, a-t-elle conçu une affection particulière pour Israel Epstein et Edgar Snow, deux fervents soutien de la révolution chinoise ?
Dieu seul le sait mais si d’aventure j’avais été dans les parages, je lui aurais dit : « L’amour de la patrie est notre Loi. (Amor patriæ nostra lex).
Mère de la Chine moderne (guomu), elle a accompagné le peuple de Chine dans ses heures sombres et de gloire.
Deux semaines avant sa mort, elle devient la Présidente honoraire de la République populaire de Chine.
Dèng Lìjūn (1953-1995)
Une belle voix à jamais endormie
Le regret de ma vie est de ne pas l’avoir rassurée en 1992 devant l’église de Saint Germain des Près.
N’avais-je pas compris que sa voix chaleureuse et douce allait porter l’âme de la Chine encore pour de longues décennies ?
Brutalement, ce jour là, son visage se glace d’effroi.
Elle reprend sa respiration, baisse légèrement la tête, les yeux fuyant. Glisse une larme sur sa joue. Une autre encore.
Elle pose délicatement sa main au visage, cherche à réprimer une soudaine tristesse.
Ma belle endormie, je l’aime toujours, sa voix, sa beauté, ce goût à la vie.
Cíxǐ (1835–1908)
Vilaine est cette opinion que l’impératrice douairière Cíxǐ était une femme irascible, rusant et calculant, responsable du déclin de la Chine et de sa soumission au diktat des puissances étrangères.
Comble du toupet, petite concubine, elle s’impose dans les rangs et donne encore un peu de souffle à la dynastie Qing, décadente et endormie.
Dans sa jeunesse, Cíxǐ était une très belle femme que tout homme de bon aloi aurait aimé prendre pour compagne.
Yan Fengying (1930-1968)
Elle est remarquable dans l’opéra de Huangmei, d’une beauté captivante.
Je l’ai adorée dans le chef d’œuvre « The Cowherd and The Girl Weaver » où elle suspend sa voix presque vers l’infini.
Elle est morte lorsque la vie tout juste s’emballe, à 38 ans, le plus bel âge pour une femme.
Yang Likun (1941-2000)
Danseuse et chanteuse, en son temps, on la surnommait la Judy Garland chinoise.
Membre de l’ethnie Yi, elle est la neuvième d’une fratrie de onze enfants, ce qui lui vaut le surnom de « Xiaojiuer ».
Elle a joué dans de deux célèbres comédies musicales avant d’être totalement détruite par la révolution culturelle.
Laminée à tel point qu’elle ne reviendra plus jamais sur scène.
Pour ces deux raisons, je l’adore plus que tout – son talent comme son courage – et je me rends souvent sur sa tombe à Shanghai.
Zhang Zhixin (1930-1975)
Mère courage
Si elle avait été Française, elle aurait été Jeanne d’Arc.
Vraie marxiste mais dissidente dans les années sombres de la révolution culturelle, elle a condamné sans relâche l’idolâtrie maoïste, la dérive d’un potentat.
Pour avoir exprimé librement son opinion, elle a été emprisonnée pendant 6 ans (1969 à 1975), torturée, puis exécutée par décapitation.
Comment la Chine pourra-t-elle se remettre d’une telle honte ?
Comme ma tante Edith de la Chevalerie, c’est une femme exemplaire digne de toutes les louanges, un exemple.
Pan Hong (1954)
Toute la force de cette femme repose sur un effroyable souvenir qui la tient jusqu’à ce jour.
Le suicide de son père, honni, écrasé, laminé par de lamentables gardes rouge durant la révolution culturelle.
Du coup, chez elle, l’essentiel, c’est de vivre par dessus tout, droit dans ses bottes.
Merveilleuse actrice, je l’ai rencontrée plusieurs fois en sa qualité de vice présidente de l’association du Cinéma Chinois.
Chaque fois, elle ouvre le bal sur ce bon mot, « Tant qu’il y a de vie, il y a de l’espoir (Dum vita est, spes est). »
Gong Li (1965)
Sa renommée est un sacré piège car on la figure distante, accompagnée d’une ruée d’agents, de la morgue au visage, trainant autoritairement sa gracieuse silhouette dans les Palais Romains.
Nullement, Gong Li est une femme qui adore la simplicité et l’inattendu.
La voilà en scooter à Paris arrimée à un inconnu, un sans grade, cette fois pris au piège d’un délicieux rêve, l’amour.
Quelle merveilleuse aventure que celle de rompre les amarres et de regarder sur la butte Montmartre le lever du Soleil cette fois bien et tendrement accompagné !
Zhāng Zǐyí (1979)
Malgré sa renommée sulfureuse, c’est une femme ravissante.
Trop sur les devants de la scène, elle est honnie par une partie de la Chine.
A son encontre mille soupçons.
A mon avis, elle sera pleinement heureuse lorsqu’elle donnera à sa vie un élan romantique.
Un français aimable et élégant, fin connaisseur des usages et des Lettres chinoises, pourrait volontiers y répondre et répandre chez elle l’idée du bonheur.
Avec en partage ce slogan : Omnia vincit amor (L’amour triomphe de tout).
Wáng Fēi (1969)
Chanteuse
D’abord, une inquiétude.
Elle fait la une de Time Magazine.
Aurait-elle la grosse tête, enflée à jamais ?
Agréable objet à l’usage des médias occidentaux à la recherche d’une icône chinoise bon teint, plutôt jolie, prêtant sa voix sensuelle à de belles chansons.
Je la croise, l’interroge.
Elle retient ses larmes.
Une chanson file entre ses lèvres.
Elle raconte la naissance de sa fille.
- Comme le temps avance inexorablement, je ne verrai plus la lumière dans 50 ans mais ma fille sera toujours de ce monde, portant la mémoire de sa maman.
Je la taquine alors.
- La présence sur Terre le temps d’une vie, est-ce bien utile ? N’avons nous pas mieux à faire en restant dans l’au-delà ? Que d’infortune pour une musique connue, celle d’une mort annoncée ?
Elle porte alors son regard sur une affiche qui domine son appartement.
Des enfants à l’air hagard, le visage en sang, sous les décombres d’une maison.
Le souvenir de l’effrayant tremblement de terre du Sichuan (2008).
- J’ai chanté pour eux. Lorsque j’ai vu sur leur visage glisser un sourire, je me suis dis que mon existence avait un sens.
Zhang Zilin (1984)
Mannequin
Certains s’amusent à taquiner ce qu’ils nomment peu élégamment Madame l’échalas.
C’est vrai que du haut de sa grande taille (1,82m), augmentée par des escarpins à la courbe vertigineuse, Zilin domine le monde, souvent des nabots qui la mitraillent de photos.
Miss World 1987, elle pourrait en tirer quelque arrogance.
- Nullement, seule m’importe l’idée de bonheur ! s’exclame-t-elle avec vigueur.
Je l’interroge alors.
- Le bonheur étant si rare, comment s’y prendre pour le retenir à soi, le répandre ensuite ?
Elle sourit avec un tel ravissement, une telle assurance, le regard chaleureux, que son idée du bonheur se propage naturellement dans les âmes.
Maggie Cheung Man-yuk (1964)
Miss Hongkong en 1983, tout le monde déjà chérissait son regard, la beauté de ses traits, cette douce légèreté.
Voilà qu’elle accomplit son destin dans l’un des plus beaux film chinois, Huāyàng niánhuá (in the mood for love) incarnant Madame Chan, tellement esseulée qu’elle s’éprend d’un autre solitaire.
Nait alors l’un des plus beaux couples du cinéma.
Silence, nous devons faire silence devant tant de sincérité, de discrétion.
Michelle Yeoh Choo-Kheng (1963)
Malaisienne, Michelle Yeoh est une chinoise de l’extérieur, libre dans sa tête, dans ses opinions.
En raison d’un accident vertébral, frustrée de ne pas pouvoir entamer une carrière de ballerine, Michèle supplante toutes ses pairs en devenant Miss Malaisie en 1983.
Sa beauté fait mouche auprès d’un millionnaire hongkongais avec lequel elle se marie et qui la mènera au premier rang du box office chinois.
Sportive, elle assure elle même des scènes d’acrobatie, des sauts périlleux dans l’inconnu, parfois vers l’amour.
Elle interprète la moins connue des sœurs Soong, Ai-ling Madame Kung, plus riche que les deux autres réunis, en posant un regard circonspect sur une chine par trop troublée.
A 50 ans elle devient la Lady, Aung San Suu Kyi.
Corps frêle, elle bataille contre les généraux, vouant à la vie un amour par dessus tout.
Jane Zhang (1984)
Lorsque je l’ai vue chanter pour la première fois Huà Xīn (畫心; Painted Heart) musique tirée du film Painted Skin (畫皮), j’ai été saisi par le timbre de sa voix s’en allant sans hésitation vers de belles hauteurs.
Lorsque je l’ai revue envelopper sur des notes longues la fresque musicale de Kitaro “Impressions Of The West Lake », je l’ai admirée, applaudissant à tout rompre, lançant sans compter des « Bravo ! ».
Tout comme je me laissais alors surprendre par son regard où se mêlent tristesse et mélancolie.
Sans doute Jane portera-t-elle longtemps sur son visage la douleur du divorce chahuté de ses parents alors qu’elle avait tout juste 13 ans.
Peut être est-ce cette souffrance la raison d’une force inébranlable qui lui a fait gravir tous les échelons : première place dans la compétition la plus courue en Chine devant plus de 400 millions de téléspectateurs (super girl), devenant l’invitée vedette du Oprah Winfrey » talk show, côtoyant même les Pink floyd.
Dieu sait où les vents l’emporteront !
Dong Siyang (1988)
Dong Siyang est jeune, la plus jeune du lot.
La plus belle aussi, comme elle se réclame.
A 21 ans, elle est déjà Présidente Directeur général d’une société de média établie à Hongkong.
Surnommée la beauty CEO, elle se laisse tellement surprendre par une gloire acquise si tôt qu’elle écrit à 23 ans propre biographie « 21-year-old woman president ».
- Je me trouvais vieille, me confie-t-elle, il fallait que je fasse le point en retraçant ma vie
Bien qu’elle s’ajoute des titres usurpés, le livre est un best seller.
De Shenzhen à Dalian, des jeunes femmes chinoises se l’arrachent, certaines bien plus âgées que Dong Siyang.
Toutes rêvent de gloire et de passion.
Ou du besoin naturel d’être aimé par un homme ou par ses pairs.
Yang Lan (1968)
Un tantinet taquine, chahutant surtout les hommes, Yang Lan se vante d’être la Oprah Winfrey chinoise.
Bill Clinton et Henry Kissinger en ont fait les frais ne sachant plus comment répondre.
Lorsque je l’ai aperçue pour la première fois bataillant l’argument, je l’ai trouvé séduisante mais aussi franchement autoritaire.
Elle s’en est expliquée en m’assurant que pour réaliser ses ambitions, il lui fallait une poigne masculine.
La voilà donc une décennie après, Présidente de la société Sun Television Cybernetworks établie à Shanghai et l’une des femmes les plus riches de Chine.
Son rêve étant accompli, je l’ai de nouveau interrogée.
- Me voilà mieux, je suis redevenue entièrement femme !
Jiang Qing (1914-1991)
Je suis sans doute le seul homme sur la planète à être tombé amoureux de celle qui fut la quatrième et dernière épouse de Mao Zedong.
Femme de caractère, longtemps détestée en Chine, aujourd’hui presque totalement oubliée, je me lui laissé emporté dans mes rêves par une photo d’elle s’en allant tout juste dans sa vingtième année.
- Comment peut on aimer un monstre ? demande un ami.
- En arrêtant sine die le fil des années !
Nous voilà en 1934, cette belle fleur croisant mon chemin, je l’aurais alors conviée à une bien meilleure partition que celle qui la conduite dans l’arène détestable du pouvoir et d’un prince rouge légendaire.
Yang Kaihui (1901-1930)
La première épouse de Mao mérite les honneurs.
Nullement parce qu’elle est entrée en l’année 1919 dans la vie du grand Timonier mais parce que ce dernier, un saint homme, n’a nullement remué ciel et terrain pour lui éviter une exécution sommaire par le Guomindang en 1930 à Changsha (Hunan)
Du coup, Yang Kaihui, femme simple et au bon cœur, mère attentive de trois enfants est durablement aimée par le peuple chinois.
Comme par moi même croyant naïvement que les belles âmes portent le meilleur témoignage de la beauté du monde.
Gu Kailai 谷开来 (1958)
Politique, femme d’affaires chinoise
En 2000, un ami m’appelle, la voix fiévreuse.
- je sais qu’elle est la Jackie Kennedy Chinoise !
Il s’épuise alors dans une salve d’épithètes tout à l’honneur de Gu Kailai.
Puis il me convie à Dalian.
Je suis aussitôt ébloui par une silhouette gracieuse, le tailleur moulant, un foulard de soie glissant légèrement sur la nuque.
Une gestuelle sobre, jamais de mouvements brusques, une sorte de discipline.
Une belle dame que j’aurais plutôt dénommé la future Madame Tchang Kaï-Chek.
Patatras !
Le goût du pouvoir est une chose inique.
En 2012, Gu Kailai est condamnée à mort avec une peine suspensive pour avoir fait assassiné un anglais.
Figée, sans réaction, au Tribunal, elle est alors insensible à son sort, la mort ayant peut être déjà pris pleinement possession de son âme.
Cependant, dans la déchéance, elle est toujours belle et élégante, portant dans son âme un irrésistible parfum de Madame Tchang Kaï-Chek et de Jackie Kennedy.
Lin Chi-ling 林志玲
Mannequin
Lorsque je l’ai rencontrée la première fois, son visage était sévère, comme intraitable.
Jonglant avec les contrats publicitaires, Chiling Lin n’avait alors aucune inclination à offrir au tout venant un sourire fut-il pâle.
Dans son sillage, son agent publicitaire m’avertissait.
« Au prix coutant de plusieurs dizaines de milliers de dollars, chaque seconde valant son or, vous serez vite ruiné. »
Longtemps après, je l’ai croisée.
Elle venait d’être exclue d’une superproduction.
La larme à l’œil, elle m’aperçut dans un coin d’ombre.
Cherchant à chasser ce désordre, elle laissa filer un sourire sincère sur son visage cependant défait.
Je lui ai alors dit :
- Lacrimis struit insidias cum femina plorat (Lorsque la femme pleure, elle tend un piège avec ses larmes, Dionysius Cato)
- Non ! a-t-elle répondu, je pleure avec mon cœurs, je souris avec mon cœur.
Yuan Quan (1977)
Actrice
Comme j’ai beaucoup aimée dans le film The Last Tycoon (2012 film) de Wong Jing où elle s’imposait, toute flamme tout feu, dans le rôle de la redoutable patronne de la triade de Shanghai dans les années 30, je lui ai écrit pour la féliciter.
Elle m’a répondu, le ton de la voix inquiet.
- Penses tu que je puisse en retirer une bonne réputation ?
Lóu Jìng 娄婧
Chanteuse
« Je suis chinoise », s’exclame Lóu Jìng.
« De toute mon âme », ajoute-t-elle, la voix légèrement chahutée par l’émotion.
Shanghaienne, Lóu Jìng fait souche sur Terre voici une vingtaine d’année, le visage empreint des belles couleurs de son père, homme noir d’Amérique et de sa mère, chinoise.
En 2009, participant à une émission de variété, Lóu Jìng devient brutalement célèbre.
De nombreuses voix s’étonnent alors que ce beau visage puisse être chinois, arrimé à une civilisation cinq fois millénaires.
Vaguent des mots peu élégants.
Du bruit venant souvent des mâles, la tête envahi par leurs démons.
Au lieu de batailler contre l’absurde, Lóu Jìng rétorque simplement :
« J’ai été élevée en Chine ».
Originaires du Henan ou de l’Anhui, ses amis s’appellent Li, Liu, Wang, Yang et Zhang, Lin.
« Je remercie mes parents de m’avoir donné la vie. » ajoute-t-elle, son visage composant avec un beau sourire.
L’on songe en silence a l’avenir.
Dans quarante ou cinquante ans, son fils ou sa fille deviendra peut être le porte drapeau, la figure de la Chine d’alors
Homme ou femme de ce monde.
Hou Yu
Chanteuse
La voix s’élève vers de belles hauteurs, s’élance plus encore vers un horizon lointain.
Loin dans le ciel, survolant son ombre.
Soudain, Hou Yu suspend son envol.
La voix se rétablit vers des notes légères,
Bientôt un calme, comme une attente.
Sera-t-elle l’épouse de l’empereur ?
La concubine au cœur chaud, l’aimant jusqu’à l’infini.
Embastillée dans des étoffes, le visage de Hou Yu est blême.
Glisse une larme sur ce visage bien fait.
Elle s’aime tour à tour dans les rôles de Dan, de Quingyi ou de Wudan.
Elle souffre aussi, la carapace l’accable, le masque l’étouffe.
Telle une concubine déchue, l’âme en peine.
Voilà le public du Guójiā dà jùyuàn (國家大劇院) l’applaudissant à tout rompre.
Hou Yu est une valeur sûre de l’opera de Pekin (Jīngjù).
Je la félicite alors, me laissant porter, l’enveloppant de mes bras.
- Je trouve le public de Tianjin plus chaleureux, se lâchant dans le bonheur, murmure-t-elle.
Je la tiens plus près de mon cœur.
- Oui, l’homme Tianjinois est le plus chaleureux du monde.
Tián Yuán 田原 (1985)
Ecrivain
C’était un soir de décembre, la température avoisinait mois dix degrés,
Un ami m’avait invité à la célébration de ses vingt ans de vie d’artiste.
Dans des pièces enfumées, pétries d’odeurs d’alcool de riz, il m’a aussitôt indiqué la bonne porte.
- Viens par là que je te présente, Tián Yuán, je ne sais comment la présenter mais ce qui est sûr, c’est qu’elle est dotée de tous les talents. Elle fut la Reine du Trihop chinois mais elle est encore actrice, scénariste.
Visage discret aux lignes parfaites, une voix douce, Tián Yuán me raconte si bien, si honnêtement, si précisément, son roman, Zebra Woods que je la serre dans mes bras.
Elle s’en étonne à peine, me demande si j’ai vu son premier film, Butterfly.
Je suis honteux, très honteux, les bras pendants
Elle s’éloigne alors.
Le lendemain même, je visionne Butterfly pour lequel elle a reçu un prix.
Elle n’avait alors que 19 ans.
Une adresse exceptionnelle pour celle qui entend bientôt réaliser son premier film, cousu d’or celui là.
Wei Wei 韦唯 (1963)
Chanteuse
Il est toujours dangereux de se frotter avec une icône nationale, une Madame aux mille chansons dont le si beau Today is Your Birthday utilisé comme thème de la fête nationale chinoise.
Lorsque je la rencontre à Hohhot, en Mongolie intérieure, ville de sa naissance, je cherche mes mots, la voix légèrement tremblante.
Elle me rassure par un sourire puis elle m’interroge :
- Ai je le droit de dire la vérité ?
J’acquiesce favorablement.
- Je suis heureuse d’être chinoise comme je suis fière de mon pays, de mon peuple, de mes ancêtres et de tous ceux qui me succéderont sur une Terre que j’aime tant.
Mián Mián 棉棉
Ecrivain
Dure a été la lecture des Bonbons chinois où Mián Mián raconte l’univers glauque de la drogue et du besoin frénétique du sexe de la jeunesse underground de Pékin.
Je suis parfois aveugle, loin de penser que la jeunesse chinoise puisse être à ce point sur la dérive, voguant vers la déchéance.
La raideur des romans Mián Mián détonne dans univers littéraire chinois plutôt lisse, glissant doucement.
D’ailleurs, la plupart sont censurés.
Du coup, je l’ai interrogée.
« Mes romans me permettent de survivre dans un monde de brutes, dans cette Chine dont on parle de la puissance restaurée mais qui n’est qu’un amalgame d’intérêts individuels, une machine où l’homme compte à peine.
Alors dans ces conditions, comment survivre ?
Se perdre dans la drogue et le sexe ?
Ou se perdre dans l’écriture. »
Zhou Weihui 周衛慧
Ecrivain
Comme j’avais beaucoup aimé son roman, Shanghai Baby (上海宝贝), je suis allé à sa rencontre pour la féliciter.
Je voulais le dire a quel point j’appréciais le personnages de Coco lequel à travers son comportement et sa famille illustre parfaitement les contradictions de la chine contemporaine.
Mélange de sexe, de drogue au risque d’un monde interlope.
“ Vous savez, m’a t-elle dit, j’ai eu beaucoup d’ennui avec ce livre. Beaucoup d’exemplaires sont partis en fumée. Mais, comme il est toujours possible de renaitre de ses cendres, j’ai récidivé et je récidiverai toujours et inlassablement.
Telle une pluie ne s’interrompant jamais. »
Le soir même, j’ai poursuivis la lecture Wo de Shan (我的禅) plus doux tout de même que le précédent.
Peng Liyuan 彭丽媛
Chanteuse
Depuis toujours, j’aime intensément cette merveilleuse chanson « Sur les plaines de l’espoir » où bat le cœur de la chine ancestrale, les souffrances et joies d’un grand peuple.
Humble spectateur du gala annuel de la CCTV à l’occasion du nouvel an chinois, j’ai été transporté par une voix merveilleuse.
Le corps tremblant, terriblement ému, je regardais cette belle femme qui avait si bien entonné l’air que j’aime tant.
Laissant glisser un sourire sur son visage, elle remercia ensuite le public de sa voix douce.
Et tous ceux qui comme moi, depuis Tianjin ou les provinces les plus reculées de la Chine, avaient gouté avec plaisir au spectacle.
- Merci Madame, murmurais-je alors.
Madame, la première de Dame de Chine.
Sanmao 三毛 (1943 – 1991)
Ecrivain
C’est sans doute l’un de mes plus grands bonheurs de lecture de la littérature chinoise contemporaine.
J’ai adoré les chroniques du Sahara (Sāhālā de gùshi) où elle raconte ses 13 années de vie dans le désert, suivant les traces du père de Foucault.
C’est un monument de poésie et de rêves, bien avant que cette terre “miraculeuse” soit envahie par des bandes barbares.
Du coup, emporté par ses rêves, j’ai lu la biographie qui lui est consacrée Sanmao de meng yu renshen (Le Rêve et l’existence de Sanmao).
Puis le rêve, un effroyable jour de l’année 1991, s’est fait triste.
San Mao a été découverte morte, suicidée et assassinée.
Je suis aller prier pour cette femme qui m’a tant donnée sur le temple taôiste du mont Heng Shan (衡山), recevant une partie de ses rêves.
Fan Bingbing 范冰冰 (1981)
Actrice
Fraiche et généreuse, telle est Fan Bingbing alias Jin Suo, allant et venant élégamment, dans le film Taiwanais Princess Pearl (1997).
Certains se demandaient alors comment cette toute jeune femme, âgée seulement de 17 ans, se muerait dans le monde âpre et violent du cinéma.
L’ayant approché à cette époque, je l’interroge sur ses rêves.
Elle en rit, se laissant aller à une réponse audacieuse.
- Comme le temps venant mais toujours au delà de mes espérances.
Voilà qu’elle devient dans la décennie suivante l’égérie de marques commerciales de renommée, au million de yuan la prestation.
Elle crée en 2007 son propre studio, le Fan Bingbing Studio (范冰冰 工作室 , Pinyin : fàn bīng bīng gōngzuòshì) et multiplie les productions.
Je la vois encore dans les films Shaolin et Buddha Mountain.
Au delà de mes espérances, disait elle.
Je la retrouve alors autour d’un dangereux élixir, un mélange hasardeux de vodka et de tequila.
Alors que je souhaite la questionner sur l’air du temps comme du plaisir de vivre, elle m’interrompt.
- Je n’ai toujours pas atteint mes espérances.
- Fan Ye (son surnom), lui dis-je, on vous accable de nombreux talents mais celui qui l’emporte, c’est votre incroyable détermination.
- Bravo, Madame ! conclus-je en Français.
Jin Xing 金星
Chroregraphe
Issue de la minorité coréenne, Jin Xing cultive les particularismes les plus audacieux.
Valeur mâle, valeur femelle, Jin Xing est passé(e) de l’un à l’autre, d’un coup d’aile.
Sans trop d’éclat, devenant l’une des meilleures danseuses et chorégraphes de Chine.
Colonel de l’armée populaire (Zhōngguó Rénmín Jiěfàngjūn), elle vit à Shanghai dont elle dit :
- Shanghai une ville complètement femelle. La ville des femmes alors que Pékin est la ville des hommes.
Elle ajoute dans un murmure :
- Ma vie est fantasque, heureuse vie d’entre les vies de ce monde !
Coco Lee 李玟 1975
Chanteuse
Sa belle silhouette évoluant sur de nombreuses scènes, sa vie est une suite presque ininterrompue de disques accumulant prix et honneurs.
La voix jonglant aussi élégamment entre le mandarin et l’anglais, cette hongkongaise de naissance ayant vécu très tôt aux Etats Unis incarne parfaitement le soft power chinois, ce moyen pour la chine d’étendre délicatement, sans coup férir son influence sur le monde.
Cependant, au milieu de sa remarquable réussite, Coco a le cœur généreux, la larme à l’œil, laissant filer document sa voix pour soutenir les malades du SRAS ou du Sida, pansant la misère.
Zhou Xun 周迅 1974
Actrice
J’ai adoré, mille fois adoré, le film Dai Sijie 巴尔扎克与小裁缝 Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise.
Pourtant, je ne comprenais rien au dialecte abscons que l’on parle dans le Sichuan.
Cependant, je m’accrochais à la parfaite diction de Zhou Xun.
Je l’ai aussitôt aimée comme on aime le soleil, la vie.
Tel un pèlerin, sur son chemin de grâce, je suis alors allé à sa rencontre
Elle venait de terminer lǐ mǐ de cāi xiǎng, The Equation of Love and Death (李米的猜想).
- Vous semblez venir tout droit d’un rêve !
D’une main fragile, elle a dessiné un cercle.
Apres l’avoir traversé en son milieu, sa main s’est dirigée vers le ciel.
Elle m’a alors dit d’une voix douce légèrement chahutée par l’émotion.
- Vous voyez d’où je viens, vous voyez où je vais !
Zhang Jingchu (張靜初) 1980
Actrice
Pourquoi diable a-t-elle changé de prénom ?
- Jing, ceint en or, n’est ce pas le plus merveilleux des prénoms ? interroge-je.
- Jingchu, c’est le mien dorénavant, ceint en or, en argent, en bronze.
Diplômée de la fabuleuse Central Academy of Drama de Beijing, (Zhōngyāng Xìjù Xuéyuàn), Jingchu enchaine les rôles.
Inquiète, l’âme en peine, luttant contre des hommes, des lâches.
Belle toujours.
Bientôt elle est portée aux nu par Time magazine, belle Asia’s Heroes de notre temps.
Je l’interroge encore :
- Est ce de trop tout cela lorsqu’on se meut encore dans la jeunesse ?
Se dresse un sourire sur son visage.
- Je me souviens de mon premier cours de diction, me dit-elle. Ces mots…
Je reconnais la trace de mes premiers feux
(Agnosco veteris vestigia flammæ, Virgile, l’Énéide)
De mes feux mal éteints j’ai reconnu la trace
(Racine, Andromaque)
YANG Liping 杨丽萍
Quelle drôle d’aventure, la vie !
La première fois, j’allais à reculons voir sa chorégraphie « Dynamic Yunnan ». Tout grognon, soupirant d’ennui.
Divine surprise ! Rarement ai je été autant bousculé dans ma vie !
Le rideau tombant, j’applaudissais à tout rompre l’épopée des 26 tribus du Yunnan.
Le lendemain, reprenant mes quartiers dans la même salle de spectacle, je l’applaudissais plus encore
Ce soir là, je me faufilais dans les coulisses.
Je la retrouvais méditant devant un the Jasmin.
- Puis je vous connaitre ? Demandais-je dans un sursaut.
- Serait ce trop tôt ou trop tard ? Je n’ai plus l’âge à me faire fêter mais j’ai l’âge de comprendre.
Je lui ai dit tout ce que je savais sur les entrailles du Yunnan, un bataillon de mots.
- Le brouillard est parfois intense à Xishuangbanna, l’on ne voit pas l’on devine seulement.
Shu qi 舒淇
Actrice
Pour accéder à la notoriété, un choix douloureux s’impose à toute jeune ambitieuse, originaire de Taiwan, sans nom, sans relation.
Quelque temps durant, il faut prêter son corps, se mettre dans l’ambiance.
Aussitôt dans les rangs, Shu Qi fait merveille dans « Love is not a Game, But a Joke ».
Plus tard, je la retrouve dans « Millennium Mambo » et « Three Time »s où elle excelle.
Un dimanche matin, je la rejoins sur l’Avenue of Stars (星光大道) dans le quartier de Tsim Sha Tsui à Hong Kong.
Sortant d’un festival de cinéma dédié aux stars hollywoodiens des années trente, avant que je ne l’interroge, elle s’exclame :
- Made it, Ma ! Top of the world !
Je suis laissé sans réponse, médusé.
- James Cagney, White Heat !
Sylvie Lin Jing
Ecrivain
Sylvie Lin Jing, son monde entre cinq paradoxes.
Femme lettrée, dotée d’une forte sensibilité, elle nourrit l’espoir d’une existence banale et confortable, à l’ombre d’un mari quelconque, une vie sans âme.
L’esprit romantique, souvent la larme à l’œil, elle s’abime dans de sombres colères sans issue.
Femme d’une impeccable honnêteté, se gonflant parfois de mots à l’emporte pièce, elle pousse trop loin ses choix radicaux.
Le verbe talentueux, elle refuse de s’en saisir, écrit peu ou rien, sommeillant à l’ombre des grands écrivains.
Comblé par l’anonymat, elle ne veut pas entendre parler d’elle, s’aimant peut être trop peu pour être la plus belle.
L’âge venant, tout cela confondu, disséqué, broyé et laminé, donne un merveilleux roman, « Meredith, my Uncreated 2050 Chinese girl ».
Gigi Leung 梁詠琪
Chanteuse
Quelle audace pour une totale de l’inconnue de se lancer dans l’arène violent du show biz avec un album au titre si narcissique sur Love Myself (1996) 愛自己 ?
Elle assume élégamment cette impertinence.
- Comment ne pourrais pas m’aimer ? N’est ce pas mie vie que je porte dans mon corps. Si je ne m’aimais pas ou en serais-je aujourd’hui, Meurtrie, dans le sang ?
Défense imparable dont elle titre un beau sourire.
La voilà s’exposant dans vingt films, enchainant les albums, cette grande fille s’offre tous les genres.
Je l’arrête sur son chemin.
- Attention, Gigi ! Tu souffres d’un asthme chronique. Je ne souhaite pas que tu sois emportée par le même sort que celui qui a arraché à la vie mon adorée Dèng Lìjūn.
Gigi regarde alors vers le ciel.
- Quand le moment sera venu, je me laisserai emporter, doucement, sans hâte.
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