Le scandale de la Mélamine en Chine
Posté par ITgium le 24 novembre 2010
La mélamine, de nom chimique 1,3,5-triazine-2,4,6-triamine, fait partie de la grande famille des résines aminées dérivées de l’urée. Elle est aussi dénommée cyanuramide ou cyanurotriamine. Sa formule chimique brute est C3H6N6.
Ses propriétés exceptionnelles de résistance à la chaleur, à la lumière, aux produits chimiques, à l’abrasion et au feu expliquent son succès dès l’après-guerre, et son usage massif dans l’ameublement, l’habillement, et comme constituant important de plastiques et d’encres et de récipients de nourriture en plastique. La mélamine est aussi utilisée comme engrais.
Aucune toxicité à court terme n’a été rapportée chez l’homme. En revanche, l’Organisation mondiale de la Santé révèle chez l’animal une néphrotoxicité et une cancérogénicité de l’appareil rénal à la suite d’exposition chronique, au moins pendant plusieurs mois. Néanmoins, le nourrisson, dont les fonctions rénales sont immatures, est fragilisé face à une exposition à la mélamine.
• Dès le début du mois de septembre 2008, en Chine, la contamination très élevée de préparations infantiles en poudre par de la mélamine a été mise en évidence. Une compagnie chinoise avait incorporé de la mélamine dans son lait pour en augmenter artificiellement la teneur en protéines. Le gouvernement chinois estimait tout d’abord que 50 000 enfants avaient été rendus malades et que quatre étaient morts. Mais ces estimations ont été revues à la hausse.
• Au 1er décembre 2008, on estime que ce sont près de 300 000 enfants qui ont été malades après avoir consommé du lait contaminé et six ont perdu la vie. Actuellement, plus de 150 enfants sont toujours hospitalisés et leur état est jugé inquiétant.
• L’importation en Union européenne de lait et de produits laitiers en provenance de Chine n’a jamais été autorisée en raison des maladies animales présentes en Chine et de l’insuffisance des contrôles par les autorités chinoises. Mais la poudre de lait chinois est utilisée dans de nombreux secteurs industriels autres que celui des préparations infantiles, tels que les confiseries, les biscuits sucrés, le chocolat, les biscuits salés, les glaces et certaines boissons sans alcool.
• Saisie en urgence par la Commission européenne, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) a publié une évaluation quantitative du risque le 25 septembre 2008. Cette évaluation se fonde sur la consommation de trois types de produits (caramel au lait, chocolat et biscuits) et sur plusieurs scénarios de contamination, dont un scénario très maximaliste tenant compte de la valeur de contamination la plus élevée alors mesurée en Chine. Ce travail conclut à l’absence de risque chez les adultes et les enfants ayant une consommation moyenne de ces produits, mais à un risque d’excéder légèrement la dose journalière tolérable chez les enfants très grands consommateurs de ces produits, la dose journalière tolérable étant la quantité de substance qui peut être quotidiennement ingérée par le consommateur sans effets néfastes pour sa santé.
C’est dans ce contexte que l’AFSA (Agence Française de Sécurité des Aliments) a réalisé une étude rétrospective en octobre 2008, en prenant les produits à base de poudre de lait en provenance de Chine, qui ont été retirés du marché et détruits depuis. Plusieurs scénarios d’exposition ont été pris en compte dont un scénario maximaliste, très peu probable, supposant que des individus puissent consommer exclusivement des produits d’origine chinoise. Aucun dépassement de la dose journalière tolérable n’est constaté, y compris avec ce scénario maximaliste.
• Un taux maximal de 2.5 mg / kg de mélamine pour les produits composés importés de Chine a été ainsi fixé par la Commission européenne pour garantir une large marge de sécurité.
• Deux décisions ont été publiées, suite à cette crise, par la Commission européenne : la première, en date du 26 septembre 2008, impose des conditions spéciales pour l’importation de tout produit contenant du lait ou des produits laitiers, originaires ou expédiés de Chine. Deux mois plus tard, d’après les informations fournies par les États membres de l’UE, une concentration élevée de mélamine a été détectée dans des produits contenant du soja importés de Chine. De la mélamine a également été découverte dans du bicarbonate d’ammonium, que l’industrie alimentaire utilise comme poudre à lever. En effet, l’adjonction de mélamine en Chine est également réalisée sur de nombreux produits, là encore afin d’accroître artificiellement leur teneur en protéines et d’augmenter ainsi leur prix.
• Afin de prévenir les risques pour la santé que peut entraîner l’exposition à la mélamine contenue dans les aliments pour animaux et les denrées alimentaires, la Commission européenne a publié une nouvelle décision modifiant la première, le 9 décembre 2008, qui interdit désormais l’importation dans la Communauté des produits contenant du lait, des produits laitiers, du soja ou des produits de soja originaires ou expédiés de Chine et destinés à l’alimentation particulière des nourrissons et des enfants en bas âge. De tels produits déjà présents doivent être immédiatement détruits.
• La décision de la Commission oblige désormais chaque État membre à réaliser un contrôle documentaire et des analyses de laboratoire pour tous les lots, originaires ou expédiés de Chine, de bicarbonate d’ammonium destiné aux denrées alimentaires ou aux aliments pour animaux, ainsi que de denrées alimentaires et aliments pour animaux contenant du lait, des produits laitiers, du soja ou des produits de soja.
• Les États membres peuvent réaliser des contrôles aléatoires avant l’importation d’autres aliments pour animaux et de denrées alimentaires à forte teneur en protéines originaires de Chine. Ces contrôles visent à vérifier que toute concentration de mélamine éventuellement présente ne dépasse pas 2,5 mg / kg de produit. Les lots doivent être retenus jusqu’à l’obtention des résultats des analyses.
• En France, la filière bio nécessite 18 000 tonnes de soja par an, mais la France n’en produit que 4 000 tonnes. Les industriels de l’agroalimentaire doivent alors se tourner vers d’autres pays, le plus souvent d’Amérique du Sud, en particulier le Brésil. Mais cette année, pour cause de mauvaises récoltes en Amérique, des farines de soja contaminées par la mélamine, provenant de Chine, ont été importées en France par la filière bio et par les producteurs de volailles. En 2007, l’Union européenne a importé, pour toutes les filières, 68 000 tonnes de produits à base de soja en provenance de Chine pour une valeur de 34 millions d’euros, selon des chiffres de la Commission.
Ainsi, fin novembre 2008, les taux admissibles en mélamine sont très largement dépassés sur certains lots analysés, atteignant parfois 30 fois le seuil autorisé, suite aux analyses pratiquées par la coopérative agricole bio Terrena. S’il y a fraude caractérisée, cette contamination à la mélamine est pourtant sans conséquence sur la qualité finale de la viande de volaille. En effet, les taux de mélamine sont quasi nuls dans les denrées alimentaires produites in fine car, contrairement à la dioxine, la mélamine ne s’accumule pas dans l’organisme. Elle est rapidement éliminée par voie urinaire, donc il n’y a pas de transmission le long de la chaîne alimentaire.
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