La question des visas entre la France et la Chine
Posté par ITgium le 2 janvier 2013
La question des visas entre la France et la Chine de François de la Chevalerie
(Le Journal le Monde 04.08.2010)
Longtemps, la France était la destination rêvée des chinois.
Telle une exigence, chacun se devait un jour de visiter ce pays ami. Comme s’y accomplirent, au temps de leur jeunesse, Zhou Enlai et Deng Xiao Ping.
Depuis que la France a été le premier pays occidental à reconnaître la Chine populaire, une amitié sincère liait les deux pays.
Presque une histoire sentimentale comme s’en amusent les chinois en qualifiant les français de romantique. Ce mot léger recouvrait une réalité. D’emblée, les chinois aimaient la France.
Déjà l’épisode de la présence française aux jeux olympiques avait sonné le glas d’un compagnonnage. Depuis, la mauvaise humeur persiste.
Le souhait de tout chinois étant de se rendre en France, les restrictions apportées à l’octroi des visas bousculent les meilleures volontés. Sans doute doit-on traquer les clandestins mais ce choix nourrit inévitablement la suspicion.
Avant de fouler la France, chacun doit montrer patte blanche. Des lors beaucoup se rendent aux consulats, la peur au ventre. Ce sentiment existe ailleurs mais en Chine il se double d’une honte, d’une défaite.
Qui plus est, l’accueil parfois mitigé réservé dans les aéroports français aux Chinois conforte ce trouble. Selon que la silhouette dérange, certains sont questionnés. Bientôt soupçonnés.
S’ajoute une rumeur, la France serait un pays dangereux. Du Shanxi au Hunan, des images circulent, des compatriotes s’y feraient détroussés. Méconnaissant la langue, habitués à vivre dans un pays où le vol est rare, ils sont des proies faciles.
Se croyant en confiance, ils arpentent les rues, l’âme légère. Les méfaits dont ils sont l’objet chahutent désormais ce sentiment. Telle est l’opinion des franco chinois de Belleville, victimes d’une délinquance à caractère ethnique.
Jugeant leur dynamisme commercial par trop voyant, les édiles parisiens ont souvent prêté une attention distraite à ce problème. Les exactions s’aggravant, les chinois sont descendus dans l’arène. Tel un signe de désespoir pour une communauté discrète, peu rebelle.
L’image de la France se brouille plus encore avec l’apparition de discours hostiles.
Selon certains, la Chine ne jouerait pas le jeu. Sans foi ni loi, ce pays étranglerait l’économie mondiale. Bientôt, responsable de tous les maux !
Certes l’émergence de la Chine perturbe mais les vrais responsables ne sont-ils pas à rechercher ailleurs ? Au nombre, des grandes entreprises avides de rentabilité, délocalisant a tout va ; des politiques privilégiant le maintien du pouvoir au prix d’importations à bas coûts ; un recours massif à l’endettement pour tenir dans les cordes.
Mauvaise conseillère, la mauvaise humeur se propage en Chine. Déjà sourcilleux, son nationalisme économique n’est plus toujours bienveillant. Comme en témoignent des mesures récentes discriminant les entreprises étrangères, donc l’étranger.
S’ajoute un semblable raidissement dans l’octroi des visas.
Oeil pour œil, dent pour dent !
Triste musique !
S’installe une ambiance délétère. L’amitié se meut en un doute.
Après tout, peut être est il normal que le couple franco chinois s’affranchisse d’une relation particulière, chaque pays se recroquevillant derrière ses seuls intérêts ?
Peut être est-ce logique que la France épouse la position du camp occidental et la Chine, celle d’un militantisme nationaliste ? Seulement voila, poussée a l’extrême, cette approche est dangereuse.
L’on ne sait jamais quand s’arrête le chacun pour soi !
Plutôt que cette pale perspective, mieux vaut s’employer à restaurer cette confiance. Sans fausse naïveté, sans compromission, sans interdit mais en jouant d’une singularité, celle de deux pays amis, soucieux de construire ensemble.
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