Est-il de bonne stratégie de se lancer dans une guerre commerciale avec la Chine ?
Posté par ITgium le 28 juin 2013
De jùn mǎ 俊 马 Francois de la Chevalerie et Libin Liu Legrix
Telle la satisfaction des mauvais élèves s’octroyant un bon point, certains se sont félicités de la décision de la commission européenne de taxation sur les panneaux solaires chinois sous prétexte de dumping.
S’il s’agit comme l’explique Bruxelles de sanctionner des entreprises recevant des subventions, il faudra alors éclaircir singulièrement les rangs des entreprises exportatrices de chaque côté de l’hémisphère. Rares sont, par exemple, les sociétés françaises qui ne bénéficient pas d’aides directes ou indirectes pour leurs activités de recherche ou la conquête de marchés extérieurs. Un dédale ingénieux qui mis à nu souligne que les vrais prix ne le sont jamais totalement, plutôt un équilibre. A ce compte là, entière légitimité est donnée à Pékin de s’attaquer à toute filière, celle du vin ou autre, chaque fois que celle-ci serait supposée bénéficier d’argent public.
S’il s’agit de contester la déferlante de produits chinois, il faudra alors acclimater l’idée auprès des consommateurs européens de prix revus à la hausse. Glisse alors l’hypocrisie. A ce jour, aucun responsable politique ne plaide pour une réduction du pouvoir d’achat au motif entendu de l’intérêt national. Aucun ne conteste encore la nécessité de réaliser des économies d’énergie fussent-elles issues de panneaux solaires au prix jugé délictueux.
De surcroît, s‘attaquer à un pays en particulier est d’une efficacité de courte durée. Aujourd’hui, les produits à bas prix proviennent majoritairement de la Chine. Demain d’autres pays asiatiques. Dans un avenir plus lointain, de l’Afrique. Faudra-t-il porter le fer contre tous les pays émergents ? Faut-il in fine replonger dans les méandres de l’histoire, chacun haussant le ton ?
Si d’aventure cette orientation se précisait, elle ignorerait une heureuse réalité : s’enrichissant, la Chine se normalise. Le relèvement continu des salaires, la frénésie de consommation, la marche vers une société des loisirs et l’exigence croissante d’un environnement plus sain présagent l’apparition d’une économie indifférenciée. Chaque jour davantage, l’homme chinois se meut en un consommateur vigilant sous l’œil disert des réseaux sociaux où des millions d’internautes agissent en meute contre les industriels peu scrupuleux, les édiles corrompus, les mensonges. Plaquant au sol les arrangements en sous main et les combines locales, ils annoncent l’émergence d’un Etat de Droit. Du coup, des produits à la qualité douteuse comme autant des denrées au contenu chimique aléatoire suscite la méfiance. A contrario, une marque irréprochable suggère la confiance. L’emportera alors le meilleur capable d’offrir un bien durable autour d’un service irréprochable.
Dès lors, les obstacles rencontrés en Chine par les sociétés occidentales s’affaiblissent si toutefois ne surgit pas le spectre d’une guerre commerciale. Dangereuse, celle ci évite de repenser l’industrie européenne. Sauf à la faire exister avec des prix atrophiés dans des enclos protégés, l’avenir repose sur la naissance d’entreprises conjointes euro-chinoises, notamment, dans les domaines de l’environnement et des énergies renouvelables. Au lieu de concocter chacun dans son coin des unités de production puis de batailler la rage au cœur, mieux vaut se rassembler. In fine, plutôt que de s’enliser dans des comptes d’apothicaire, n’eut-il pas mieux valu de faire naitre entre européens et chinois une entreprise commune fabriquant des panneaux solaires et ce dans l’intérêt bien compris de tous, des pays, des clients ?
Publié dans Europe et Chine : enjeux économiques, La guerre commerciale entre l'Europe et la Chine | Pas de Commentaire »