L’armée Européenne, la Chine dans le viseur
Posté par ITgium le 11 décembre 2018
L’incidente a fait du bruit. Voici quelque temps, le propos du Président de la République sur un besoin d’armée européenne pour se protéger de pays lointains provoquait des remous. D’entre les ennemis désignés, la Chine est dans le viseur.
Chaque mot a son sens. Qu’entends par armée ? Des régiments en ordre de combat ? Des canons pointés sur la colline ? Pourtant, à aucun moment de son histoire, la Chine n’a chahuté militairement la France. Aucun ordre n’a jamais été donné à son armée de mettre à sac le palais de Versailles ou le Louvre. A l’inverse, la France a usé de sa force. Étendard de la politique de la canonnière, le corps expéditionnaire franco-anglais incendie le palais d’été de Pékin en 1860 lors de la seconde guerre de l’opium. Dans la foulée, l’on vole sans vergogne ses œuvres d’art. S’ajoutent des traités scélérats. Sous l’appellation édulcorée de concessions, des territoires sont soustraits à la souveraineté chinoise. Une mise à pas d’inspiration coloniale. Suivent humiliations et vexations. Au nom d’une civilisation jugée supérieure, la France piétine une culture ancestrale, moque l’âme chinoise. L’on dessine des villes pour la gente occidentale où les chinois font de la figuration, garcons de café, coolies ou mendiants. Beaucoup meurent de faim devant les mansions de fǎzūjiè, le petit Paris de Shanghai.
Depuis la reconnaissance par la France de la Chine populaire, en 1964, cette sale page de l’histoire s’effaçait. Chaque pays reconnut la souveraineté de l’autre sans restriction. Malgré des modèles politiques bien différents, tous deux partageaient l’idée d’un engagement volontariste de l’Etat afin que sa population puisse vivre dans les «Jardins d’une harmonie préservée». Bousculés plus tard par le péril climatique, ils s’accordent sur une exigence, préserver l’environnement.
Alors que cette relation filait doux, voila que l’on se nomme autrement. Est-ce cela l’armée européenne ? Se créer un ennemi de toutes pièces ? Serait ce la contestation de la souveraineté Chinoise la motivation larvée d’un tel projet ? Longtemps raillée pour ses retards et la qualité approximative de ses produits, la Chine se tient désormais droit. Depuis 40 ans, elle s’échine à rassembler toutes technologies utiles afin d’améliorer le bien être de sa population. Certes s’adjuge-t-elle parfois des savoirs par delà les murs mais quelle entreprise ne le ferait pas pour assurer sa prospérité ? Et c’est juste revanche, la Chine a longtemps apporté au monde ses avancées sans rien demander en retour. Depuis peu, elle œuvre pour un environnement durable. Premier pays pour les énergies renouvelables, figure de proue pour les bus électriques, très active dans de nombreux secteurs. Chaque fois, elle remplit son rôle grâce au plein exercice de sa souveraineté, cet habile mélange d’autorité de l’Etat, de nationalisme patriotique et de capitalisme, le tout porté par une culture cinq fois millénaire.
Si donc le projet d’armée européenne est de contrarier cette orientation, le va-t-en guerre n’est pas alors celui qu’on croie. Tapi derrière un discours pacifique, un sombre dessein se cacherait : imposer à l’autre un avenir au besoin par la force. Une musique entendue dans l’histoire et dont ses propagateurs ne sortent pas gagnants.
François de la Chevalerie
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