Agressions contre les chinois en France
Posté par ITgium le 16 juin 2013
Les récits de jùn mǎ 俊 马
(François de la Chevalerie)
En Gironde, le 14 juin 2013, six étudiants chinois ont été agressés dans la nuit de vendredi à samedi.
Longtemps ces derniers avaient rêvé à la France.
Ils avaient hâte de s’y rendre à la rencontre de son histoire, de sa culture, de ses habitants, soucieux d’apprendre.
Avec le projet de poursuivre des études d’œnologie, ils avaient minutieusement préparé leur voyage, prenant tous les renseignements nécessaires, toutes informations utiles.
Fort du souhait de mieux comprendre ce métier, ils comptaient ensuite revenir en Chine afin de travailler dans la filière du vin en vantant les grands crus français, le goût français.
Bien avant le départ, ils s’étaient lancés à la conquête de la langue française, apprenant mot après mot, déchiffrant peu à peu des phrases.
Après avoir bataillé pour obtenir les visas nécessaires et réuni l’argent pour couvrir leur frais de scolarité, ils se rendaient enfin en France
Depuis deux mois, Ils résidaient en Gironde, prenant doucement racine dans un pays qu’ils aimaient.
Le 14 juin, ils ont été agressés au seul prétexte de leur origine chinoise.
Des individus de faible composition mentale s’en sont pris à eux avec une rare violence directement dans leur logement. La rixe a entraîné l’hospitalisation d’une jeune femme de 24 ans, sérieusement blessée au visage par le jet d’une bouteille de champagne. Selon certaines sources, il pourrait s’agir de la fille d’une personnalité politique chinoise.
Le Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a condamné « avec une grande sévérité cet acte xénophobe, dont les auteurs devront répondre devant la justice ».
Violence récurrente contre les chinois en France
Cette agression faite suite a des nombreuses violences à l’égard des ressortissants chinois principalement à Paris, ville à la sécurité chancelante.
Comme ils le font en Chine (où l’insécurité est rare), ils s’aventurent dans les rues de la capitale sans précaution.
Rares sont ceux qui ont pas l’œil aux aguets, la méfiance au bout du regard.
Trop heureux de se trouver en France, ils ne laissent pas envahir par le soupçon.
Du coup, ils sont nombreux à se fait dépouiller, à se faire dérober à l’arraché sacs, portables et autres effets.
Glisse alors un sentiment de tristesse dans leur âme et une question :
Quel est donc ce pays où il ne fait si bon vivre ?
Molle réaction de la Mairie de Paris
La Mairie de Paris réagit mollement à cette situation, laissant apparaître un certain embarras du fait que les responsables de nombre de ces agressions seraient des jeunes des cités, certains logés dans le parc HLM de la capitale. Cette même gêne existe chez les associations anti racistes lesquelles ne marquent aucun d’empressement à défendre les chinois.
Ces agressions se sont amplifiées avec l’arrivée de Roms en provenance de Roumanie et Bulgarie. Là encore, existe une difficulté à parler franchement de cette situation comme autant à trouver une réponse drastique.
Dommages collatéraux
Ces agressions sont dommageables pour l’essor des relations entre la France et la Chine. Déjà que le président français a joué de négligence en se rendant seulement 37 heures en chine, ne voilà-t-il pas que faute d’une réelle sécurisation de la voie publique en France, les chinois pourraient désormais éviter notre pays, marquant aussi dans la foulée une réticence a soutenir des marques françaises, des entreprises françaises.
Sur le même sujet :
Le racisme anti chinois en France (3 juillet 2011)
François de la Chevalerie et Jing-Chao Zhao-Emonet
Comme les autres asiatiques, les chinois répugnent à descendre dans l’arène. Discrets, profil bas, ils font rarement entendre leurs voix. De surcroît, ils protestent peu contre les discours ambiants hostiles à la Chine.
Quand ils s’affirment, ils agissent doucement, à mots comptés. Ils rapportent alors leur opinion sans chercher nécessairement à réajuster celle de l’autre. Nullement n’ont-ils à souhait d’en découdre. Nullement s’emportent-ils gratuitement. Aucun mot en trop, de mot inutile.
Depuis plusieurs années, à Paris, le chinois est la cible désignée des voleurs dont beaucoup opèrent avec une rare violence. Supposé nanti en argent liquide, il serait un morceau de choix. Le chinois, l’argent. Donc une race et son prétendu attribut.
L’année dernière, les chinois s’étaient émus de cette situation, exigeant plus sécurité. Une année s’est écoulée sans progrès, culminant avec la mise en coma de l’un des leurs.
Déçus par l’absence de réponse des pouvoirs publics, ils ont repris le chemin de la rue en se drapant de l’étendard français et en scandant les principes de la République. Ils s’y sont prêtés courageusement en prenant le risque de s’attirer les foudres de l’Ambassade de Chine.
Fort active, celle-ci ne goute guère aux manifestations publiques de ses membres. Qu’importe ! Les chinois de Paris ont fait confiance à la liberté de s’exprimer qu’ils ont acquise en France. Sans déraper.
Nullement n’ont-il placé ce rendez vous sous l’angle d’une confrontation communautaire alors que leurs agresseurs n’en font pas mystère. Nullement n’ont-ils blâmé la France.
Pourtant, lors de ce défilé, ils étaient bien seuls. Entre eux presque uniquement. De-ci delà, des amis, quelques conjoints. Peu de solidarité comme si cette cause ne pouvait suggérer l’émotion.
Aucune association anti raciste, aucune figure politique ne s’était jointe. Le peu d’enthousiasme à les soutenir ne suggère-t-il pas l’existence de discours ambivalents ?
D’associations antiracistes justifiant ainsi leur existence mais indisponible dès lors que le fait rapporté pourrait gêner aux entournures une autre communauté, celle-là plus turbulente sur la place publique. Est-il possible de tolérer pour les uns ce que l’on envisage pas pour les autres ?
De politiciens se donnant bonne conscience, tantôt se voilant la face, tantôt agissant, comme pour mieux s’exonérer de l’obligation de s’investir réellement sur le sujet, indistinctement de la race, loin des convenances.
De politiciens encore qui sous prétexte de lutte contre la mondialisation accable la Chine de tous les maux alors que ce pays fut-il important participe comme d’autres à la relève de l’Occident : l’Inde, le Brésil, le Vietnam, les pays du golfe, l’Afrique du Sud et beaucoup d’autres. Bien plus que la moitié de l’humanité !
Quel est donc cet étrange dessein consistant à faire du chinois l’unique bouc émissaire ? Ceux là mêmes qui s’y emploient, n’ont-il pas en mémoire d’affreux souvenirs ? Ceux là mêmes ne sont-ils pas devenus les meilleurs alliés de voyous racistes qui sévissent, le plus souvent impunis ?
D’un politicien enfin qui s’étourdissant dans des formules vante un axe black blanc beur contre les chinois.
De ce drôle d’artifice à géométrie variable, il se pourrait bien que l’anti-racisme souffre d’un manque d’harmonie en France.
Les chinois, bouc émissaires de l’humanité ?
Les récits de jùn mǎ 俊 马 (François de la Chevalerie)
Le venin se répand.
Il se nourrit d’une mondialisation échevelée comme d’une actualité confuse.
Il n’est pas à son premier coup d’essai.
Dans les années 30, le péril jaune avait le visage d’un japonais. Aujourd’hui, il serait chinois. Que ne fait donc pas ce dernier pour cristalliser les peurs ?
En France, les canons communs du racisme n’offrant guère de prise, que leur reprocher ?
Une délinquance très faible ?
Une natalité dans la moyenne ?
Aucune revendication particulière ?
A l’inverse, l’on observe une intégration économique réussie, un chômage ridiculement bas.
De surcroît, ils ne doivent rien à personne, peu aux bienfaits de la République !
Qui plus est, ils sont discrets. Rien, absolument rien ne saurait suggérer la critique.
Comment alors vilipender son prochain ?
Tout simplement en transformant ses qualités en défaut !
Leur retenue devient suspecte, leur goût forcené au travail comparé à de l’aliénation.
Leur intégration ? Mais ils ne travaillent qu’entre eux !
Leur faible natalité ?
Ils sont si nombreux !
La croissance exceptionnelle de la Chine ? Un danger !
Donc, désormais, pointés du doigt !
A Paris, des slogans hostiles résonnent sous prétexte qu’ils rachètent à tour de bras les baux commerciaux.
Dans les universités américaines, naguère les étudiants chinois soulevaient l’admiration.
L’on fustige maintenant des promotions comptant jusqu’à 40 % des leurs.
Au Mexique, dans les villes frontalières des Etats-Unis, les chinois sont affublés de l’épithète de « malditos chinos ». L’on prétend qu’il serait à l’origine de la fermeture de 40 % de l’industrie locale de la sous-traitance.
Au Maroc ou en Tunisie, la rage s’installe depuis que de nombreuses usines du textile sont à l’arrêt.
En Algérie, l’on moque ces ouvriers du bâtiment payés hébergés dans des navires de fortunes ! En Italie, les industriels de la chaussure sont à cran.
A Dakar, l’on s’émeut de voir l’artisanat ancestral fabriqué dans le Guandong.
A Yaoundé ou Harare, l’on s’étonne de les voir envahir les étals. La charge s’emballe, s’abreuve de raccourcis. Telle usine fermée, c’est leur faute ! Telle perte d’emploi, toujours eux ! Complaisants, les politiques s’en mêlent.
L’augmentation du prix des matières premières et l’invasion des produits chinois sont autant d’occasion de discours démagogiques.
Profitant du climat général, des universitaires japonais lâchent une incidente : le Japon n’a pas à faire amende honorable pour son comportement pendant la guerre ! L’injure ne suffisant plus, ces dernières années en Indonésie, la chasse aux chinois a souvent été sonnée. Tout s’embrase, tout s’emmêle, de Mexico à Rome, de Casablanca aux campus californiens en passant par Djakarta, le bouc émissaire s’appelle désormais M. Li ou M. Wang.
Comment reprocher à un pays naguère famélique de s’en sortir ? Comment critiquer la volonté des chinois de s’épanouir aux quatre coins de la planète ?
Ce peuple à l’histoire par cinq fois millénaire prend une revanche sur l’histoire. Il s’y accomplit avec une énergie dont beaucoup de pays gagnerait à s’inspirer.
S’il faut pointer du doigt l’absence de liberté ou l’état de l’environnement en Chine rien ne permet de fustiger la l’augmentation du niveau de vie de leur population, leur dynamisme. Plutôt que de crier au loup en se gavant de slogans, cherchons à mieux les connaître. Comme s’y sont employées les années croisées France Chine, il faut créer du lien, des échanges, s’écouter, comprendre, ne pas voir peur.
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