Les filles de joie chinoises à Paris. Prostitution Chinoise en France. Weixin, la voie royale (微信).
Posté par ITgium le 2 février 2014
Le récit de jùn mǎ (俊 马) et les dessins de Sà bīn (Sabino Cagigos 萨宾)
Lors de l’un de mes passages en France, dans la tiédeur d’un salon parisien, un ami me rapporte une information étonnante.
De nombreuses artères de Paris seraient arpentées par des prostituées chinoises.
Comment se peut-il que de belles perles de la moitié du ciel (bàn biān tiān 半边天) sillonnent nos rues ?
Quel vent étrange les a conduit en France ?
Pourquoi ont-elles entrepris une aussi longue route pour un destin si funeste ?
Pourquoi pavaner dans les arrières-cours alors que tant de touristes chinois s’exposent fièrement aux Champ Elysées et sur les Grands boulevards ?
Comme mon ami ne pouvait apporter des réponses à ces questions, j’ai cherché à comprendre.
Premier réflexe, une recherche linguistique.
En chinois, le terme « prostitution » recouvre une variété large de définition, aucune ne dominant vraiment.
Avec le chinois, aucune traduction n’est aisée.
Mài yín (卖淫) s’imposerait comme la traduction officielle mais certains préfèrent souvent mài chūn (卖春).
Si l’on sépare les signes, l’un se lit : « acheter le bizarre », l’autre : « acheter le printemps ».
Cette dernière proposition a une valeur historique.
Sous la dynastie Tang (VIII. siecle), il était de tradition que les hommes mariés puissent s’offrir quelque liberté à l’annonce du printemps. D’après, les textes de l’époque, cela leur permettait de se libérer d’un surcroît d’énergie. En somme, les empereurs voulait ainsi se prémunir contre toute rébellion possible. Mieux valait le sexe que les lances ! Des jeunes femmes se prêtaient au jeu dans l’intérêt de la stabilité de la Chine millénaire.
Une autre piste s’affirme xìng jiāo yì (性交易).
Segmenté, cela donne : « sexe, payer, facile ». D’autres privilégient piáo sù (嫖宿).
Traduction intéressante puisqu’on retrouve des mots tangibles, « putain et nuit ».
Dans ce cas, mieux vaut peut être chú jì (雏妓) ou encore biǎo zi (婊 子) lesquels mots désignent sans délicatesse et sans nuance une prostituée.
Plus raide cette proposition, mǔ quǎn (母犬).
Habilement traduit, cela donne « un animal de femme ».
Ou sommairement lancé, la gorge graveleuse, « chienne ! ».
« N’en est-on pas moins un être humain ? » interroge Anxmandae de Leira.
La prostitution est une affaire de convenance.
Elle s’impose naturellement là où existent des enjeux de pouvoir, des rapports de force.
Entre des hommes d’influence, se glissent des femmes accommodantes. Tantôt elles les consolent tantôt elles les aiguillonnent.
Ainsi, serait prostituée « la seconde femme » d’un homme d’influence, Baoernai (包 二 奶 ).
Triste sort pour des courtisanes souvent de bonne composition !
Les accompagnatrices se verront plutôt affublées d’un marqueur baopo (包 婆) dont la traduction anglaise est redoutable, voilà les bien nommées : « packaged wife ».
Mieux vaut clarifier la situation selon l’essentiel, santing (三 厅) désigne ces toutes jeunes femmes qui pullulent dans les karaoké et les bars. Cependant, dans ces lieux, toutes ne sont pas des prostituées. Parfois seulement de gentilles filles, dansant et chantant au bon plaisir des clients.
Allons plus loin ! Composons avec le diable !
Les doorbell girls ou les dingdong ladies (叮 咚 小 姐) sollicitent le chaland par téléphone, le plus souvent dans les hôtels.
Certaines pourtant s’attèlent à un massage bien pudique.
Plus sûrement, les coiffeuses d’apparat, falangmei (发 廊 妹), vous entraineront vers un back room peu reluisant. Tout comme les filles de rue, jienü (街 女) ou jì nǚ (妓女).
Cependant la palme revient aux xiagongpeng, les malheureuses qui font des passes sur les chantiers.
Plus d’hésitation alors !
Le mot est crû, sans ambigüité, ce sont des « putes » lesquels se verront traitées de mǔ gǒu (母狗).
Au lieu de décortiquer un mot intraduisible, mieux vaut aller sur le terrain.
La voie royale (kāng zhuāng dà dào 康庄大道)
En Chine, l’arme absolue pour aller à la rencontre des filles de joie se nomme Weixin (微信).
En anglais Wechat.
En d’autres mots, « micro message ».
Fort de 800 millions d’utilisateurs, le face book chinois a une longueur d’avance sur son concurrent américain.
Et en temps passé, il le domine de trois têtes.
Weixin s’apparente à révolution tranquille.
Bien que le gouvernement chinois maintienne un corset rigide de règles pour taire toute contestation, toute liberté de propos, Weixin offre d’innombrables brèches.
Parmi celles-ci, une touche accessible aux usagers, le Weixin de voisinage (fù jìn 微信 附近), c’est à dire la possibilité de partir à la rencontre des personnes se situant physiquement dans votre environnement immédiat.
Ainsi vous vous trouvez à la terrasse d’un café et vous souhaitez partir la conquête de quelques jolis minois attablés plus loin. Weixin se charge de l’opération.
Apparaitra sur votre Smartphone, la liste détaillée de personnes que vous pourrez aussitôt contacter en masse ou individuellement.
Cette application n’est pas passée inaperçu auprès des charmeuses.
Je me souviens d’un soir à Chongqing (重慶).
Alors que je m’apprêtais à dormir, soudain mon weixin s’est mis à sonner. D’innombrables appels, telle une charge militaire.
Tous provenaient de jeunes femmes dont je relevais leur apparent agréable profil.
Afin de faire taire cette intrusion, j’ai mis mon smartphone en veille.
A Paris, le phénomène se répand peu a peu.
Voilà un an, mon Weixin de voisinage était sobre.
S’y manifestaient des visages sérieux, des personnes souhaitant enseigner le mandarin, des chinois de la deuxième génération, des hommes d’affaire.
Cette année, l’atmosphère a beaucoup changé.
Pullulent les quémandeuses !
Un vrai déferlement !
L’utilisation de Weixin n’est pas seulement en cause.
Le grand débarras (zhòng dà rēng diào 重大 扔掉)
Depuis que le Président chinois, Xi Jinping (习近平) s’est installé au pouvoir (fin 2013), dans le sillage de sa politique anti corruption (fǎn fǔ ou fǎn tān 防腐) souffle un vent de moralisation dans le pays.
Au nombre des mesures décidées, la fermeture en des lieux de débauches potentiels (centre de massages, karaoké sulfureux, Spa par trop intimiste, etc.) s’impose comme la plus emblématique.
Participant des pratiques culturelles ancestrales, depuis toujours l’industrie du sexe était tolérée en Chine. Loin de tout jugement moral, les autorités s’en accommodaient. Comme aussi la population habituée à voir au coin de sa rue un centre de massage pratiquant le dà fēi jī (大 飞机).
Nulle ligue supposée vertueuse n’a jamais manifesté sa désapprobation.
En 2013, entre 4 et 6 millions de chinoises officiaient selon des statuts divers.
Généralement très jeunes, beaucoup s’exilent de leur province d’origine pour pratiquer ce métier 1000 ou 3000 kilomètres plus loin, principalement des grands centres urbains. Pour certaines villes, ces activités constituaient l’essentiel de leur force économique ou, du moins, leur label (Tanggu, Dongguang, etc).
Elles y voient un tremplin pour acquérir quelques deniers afin d’acheter une maison dans leur ville natale et de se marier blanche comme neige.
Personne localement n’ayant connaissance de leur activité antérieure, elles se relèvent de cette période de leur vie sans encombre.
La nouvelle politique a mis dans la rue nombre de ces jeunes femmes.
Les établissements de massage fermés, beaucoup ont rejoint leur province natale, d’autres, la mort dans l’âme, des chaines industrielles avec des revenus amputés de 80 %.
Cependant la situation de l’emploi en Chine marquant des signes d’effritement, proches du désespoir, beaucoup s’exilent.
Près de deux millions de chinoises seraient prêtes à l’aventure au delà des frontières.
Plus de 200 000 auraient déjà rejoint la Malaisie, Singapour et l’Indonésie.
10 000 auraient fait souche en France.
Si la nouvelle orientation est maintenue en Chine, compte tenu d’un afflux probable, les chinoises pourraient s’accaparer 30 % du marché de la prostitution en France, voire plus.
M’en allant à leur rencontre
Faute de comprendre, je me suis décidé à faire les cent pas sur les artères d’infortune des quartiers réputés chauds, hóng dēng qū (红灯区).
Première destination, avenue de Clichy.
Devant une station de bus, je remarque des formats pâlissants.
Trois dames d’âge mur plongées dans une conversation chaleureuse secouée par des éclats de rire.
Jouant de discrétion, je m’approche, l’oreille bien tendue. Avec leur accent inimitable, je reconnais la langue du Dōngběi sānshěng (东北三省), le dialecte du nord de la chine.
L’une d’elle à la voix qui porte. Elle restitue un dialogue avec un client.
- Je suis chinoise, lui ai-je dit !
Toutes trois se laissent emportées par un rire tellement communicatif que je me laisse gagner par un sourire.
Elle poursuit :
- Si tu le veux, dit l’homme, je t’emmène dans mon pays. De l’autre côté de la mer, proche d’une vielle forteresse en argile, non loin du désert.
- Je suis chinoise, lui ai-je répété.
- Une femme simplement, a-t-il répondu.
- J’en ai connu un autre, s’exclame une autre comparse, il m’a dit, chez moi, tu seras comme une reine car personne ne te ressemble sous les baobabs. La chinoise du village tel un emblème exotique.
- C’est tout de même étonnant, reprend la première, de rencontrer des gens autrement mieux attentionnés que nos clients à Dongguang (东光县). Dans mon centre de massage, jamais je n’ai reçu pareille invitation.
Soudain, un passant s’arrête.
Il murmure à leurs oreilles. Il surprend mon regard et s’éloigne aussitôt.
Elles se tournent alors vers moi.
Au lieu de tenir ma langue, je m’excuse en chinois.
- Vous parlez chinois ?
Je m’étrangle dans mes explications. Je leur raconte que je ne parle pas le chinois tout en m’exprimant en chinois.
- Vous travaillez avec les Wēnzhōu rén ? demandent-elles de concert.
- Je passais seulement par là. J’ai surpris votre conversation. J’en suis honteux de l’embarras que je vous ai causé.
- D’où venez-vous ? interrogent-elles encore.
- De Chine !
Un éclat de rire s’élève dans le ciel.
Je les invite à prendre un thé dans une brasserie du coin.
D’une voix enfiévrée, elles me rapportent leur itinéraire.
Leur histoire
Toutes trois se considèrent comme des filles normales, (pǔ tōng nǚ rén 普通 女人) appartenant à des familles de travailleurs (gōng zuò zhě 工作者).
Leur famille n’ayant pas beaucoup de moyens, elles ont pris la direction de la terre promise du Guangdong (广东), dans le sud de la Chine, pour trouver du travail avec un souhait bien louable, celui de réunir suffisamment d’argent pour acheter un appartement dans leur ville d’origine.
Après quelques années passées sur les chaines de fabrication de Foxcom (la société taïwanaise qui fabrique presque tous les Smartphones du monde), elles ont réalisé que leur salaire de 160 dollars par mois ne suffirait pas pour atteindre leur objectif.
Elles sont allés prospecter du côté de Dongguang, ville aux mille visages à la réputation sulfureuse connue pour ses bordels et ses ateliers d’assemblage.
Soudain leur visage se voile tristesse.
De fil en aiguille, elles se laissent emporter par un mauvais courant.
Les voilà dans les entrailles du mal dans une maison secrètement close (àn mén zi 暗门子).
Jour et nuit, elles massent les péquenauds du coin.
La tâche est rude mais elles recueillent plus que leur dime. Quelques années après, elles retournent dans leur ville d’origine, la cassette bien remplie. Leur bonheur ne dure souvent pas longtemps car la manne est suspecte.
N’auraient-elle pas fréquenté une curieuse maison (chāng mén 娼门) ?
Les regards se figent.
Elles décident de partir pour une destination lointaine, décidées de se libérer de l’opprobre.
Destination, la France.
Elles payent comptant un passeur qui leur prend presque l’intégralité de leur cagnotte.
Un jour saumâtre à en mourir, elles arrivent à Paris. Leurs économies asséchées, dépourvus de papiers en règle, elles donnent leur bras à des Wenzhou ren lesquels accaparent l’essentiel des activités chinoises dans la capitale. Peu scrupuleux, ces derniers les exploitent, les stigmatisant au quart de tour.
Le temps passant, les cernes encombrant leur visage, elles admettent la fatalité de leur existence.
Peut être ne doivent-elles leur survie qu’à leur corps ?
C’est ainsi qu’elles atterrissent avenue de Clichy, chassant les hommes de France, du Monde.
Silence maintenant. Leurs mains glissent sur leur visage.
Triste après midi à Paris, abimée sous une pluie dense, la nuit déjà.
Le lendemain, je vogue à Belleville.
Une touffe de femmes chinoises devant une porte cochère. Plus jeunes que celles de la place de Clichy. L’habillement loqueteux. Le regard triste, déconfit.
Je m’approche. Elles se forment en cercle autour de moi. L’une exécute deux signes de la main lesquels indiquent en chinois les chiffres 5 et 0. Le coût de la passe est de 50 euros.
Tout juste vingt ans au compteur, elle m’attire d’une main volontaire. Sans le vouloir, je me laisse emporter dans les tréfonds, l’âme coupable.
Nous traversons un dédale de cave pour arriver dans une pièce minuscule à la lumière tamisée.
Je l’interroge sur sa ville natale. Elle est originaire de Jilin (吉林), dans le nord de la Chine.
Je lui raconte que je m’y suis rendu. Son visage s’éclaire. Elle s’amuse à l’écoute de mon récit de la visite du musée de la pluie de météorites qui regroupe les météorites tombées à Jilin en mars 1976.
Selon une chance inouïe, j’ai gardé des photos de mon passage dans cette ville sur mon Iphone. Je lui montre mes souvenirs du parc de Beishan où le soir venu, je suis allé danser. J’étais peut être trop vieux car seules les femmes d’un certain âge répondaient à mes sollicitations. Elle rit de mes aventures. La sentant maintenait en confiance, je l’interroge.
- Tu es toute jolie, que fais tu ici ?
- Je suis nourrice, dit-elle.
Elle répète cela à plusieurs comme pour taire toute autre question de ma part.
Brutalement, son visage se replie, la larme à l’œil. Elle me révèle que son père est atteint du cancer de la plèvre, son logement de ses parents étant attenant à une usine chimique.
- Il n’a pas les moyens de se soigner correctement. J’adore plus que tout ma père. Je ferai tout pour la sauver.
Silence.
En Chine, les lourdes pathologies sont rarement prises en charge et le plus souvent à l’avenant. De surcroît, son père étant un petit commerçant de quartier, il n’a pas les moyens de s’offrir les soins appropriés.
- Je suis venu ici pour lui envoyer l’argent nécessaire afin qu’il puisse se rendre dans le meilleur hôpital de Pékin. Je souhaite que mon père soit fier de moi ! Lorsque je lui adresse de l’argent, je mentionne sur le pli : « Voilà l’apport d’une partie de mon travail de secrétaire dans une société internationale de grande renommée ».
Puis un silence
- C’est faux, bien sûr ! Le matin, je suis nourrice. Le soir…
Une larme glisse sur son visage.
Lugubre, cette cave, cette vie.
Le rêve d’une vie normale dans le sillage d’Antoine de Saint-Exupéry
Le troisième périple me conduit porte d’Italie. Un voyage presque à la dérobée car ce quartier n’est pas connu pour abriter des femmes aux mœurs libres.
Nulle ombre le long des rues.
Nulle femme guettant au pied d’une porte.
Nul regard en biais.
Premier quartier chinois de Paris, lieu d’accueil des boat people dans les années soixante dix, la communauté chinoise se montre discrète, se lâche rarement.
Ce mutisme est encore plus accusé dès lors qu’il s’agit du commerce du sexe.
Aussitôt la question abordée, les visages se ferment.
Malgré tout, me glissant d’une porte à l’autre, je fais le siège de la forteresse, décortiquant la moindre allusion, rassemblant les indices.
De fil en aiguille, je me retrouve dans un bureau import export.
La pièce est déserte.
Au mur, le portait du nouveau président chinois.
Soudain, une femme apparait, la cinquantaine, plutôt volubile.
Immédiatement, elle forme avec sa main le chiffre cinq.
Je dodeline de la tête
Cinq filles rentrent dans la salle, la trentaine en moyenne, la beauté imparfaite.
Comme je les interpelle en chinois, elles s’amusent de mon accent nasillard de Tianjin.
Comme je m’y accomplis toujours, je les interroge sur leur lieu de naissance.
Dans la foulée, je commente la réputation de leur ville.
Je me répands contre les Shanghaiennes. Ne rêvent-elles pas inlassablement de trouver un homme fortuné plutôt que d’aimer ?
La meneuse me demande d’interrompre la taquinerie.
Dans l’urgence, je retiens une femme de petite taille, originaire de Tangshan (唐山), ville proche de Tianjin.
Comme le Tianjin hua (la langue de Tianjin) est aussi parlée à Tangshan, nous nous comprenons parfaitement, notre échange en sera plus aisé.
Les autres femmes quittent la pièce.
Je prends mes notes.
D’emblée, elle me raconte son itinéraire, très ordinaire, trop ordinaire.
Sa famille étant pauvre, à dix-huit ans tout juste, elle sillonne la Chine à la recherche d’une vie meilleure mais les hommes qu’elles rencontrent lui offrent de bien pâles raisons d’espérer.
Elle s’enlise dans ce qu’elle nomme une « vie malheureuse », faite d’insomnie et d’une sourde peur, celle de basculer dans l’inconnu.
Un homme de mauvaise vie l’encourage jour après jour à garnir le cheptel d’un KTV (en fait, ce sont des Karaoke, lieu souvent d’accueil d’une prostitution soft).
Elle refuse d’abord mais dépourvue de moyens, faute de perspectives, elle finit par accepter.
Suivent deux ans de souffrance avec des clients sans vergogne.
Glisse une larme sur son visage.
Cependant, au hasard des rencontres, un vieil homme mesure sa peine. Plutôt que de l’encombrer de son corps abimé, il lui raconte sa vie.
Voilà longtemps, il étudiait à l’école de langues étrangères de Beijing où il a appris le français. Il évoque l’âme romantique des hommes francais. Il rapporte des récits, des lectures. Il reprend presque mot pour mot le petit prince (小王子 – 小说).
La jeune femme est conquise.
Dès lors, son sort est joué, elle se rendra en France, à la recherche de la perle rare.
Aussitôt à Paris, elle fait le siège des agences matrimoniales chinoises de la capitale. Pour un montant faramineux (10 000 euros), une officine propose des rencontres.
Elle s’émerveille de cette perspective mais elle déchante très vite. Comme dans les plus lugubres KTV, les femmes sont présentées groupées à des hommes peu scrupuleux, souvent libidineux.
Voilà trois mois qu’elle remorque douloureusement sa vie.
Elle est à bout, peine à trouver ses mots.
- Heureusement, me dit-elle, j’ai toujours à l’esprit ce mot d’Antoine de Saint-Exupéry (安托万·德圣埃克絮佩里).
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »
Peut être que l’homme français romantique vit dans un monde qui n’existe pas, conclut-elle.
Lexique sommaire des prostituées chinoises de Paris
D’où viennent elles ?
La plupart de ces femmes sont originaires du Dongbei (东北三省), la région nord-est de la Chine ou la Manchourie.
Alors que la Chine connaît des taux exceptionnels de croissance, le nord de la chine a connu des vents moins favorables. Région autrefois très industrielle, organisée autour de conglomérats d’Etat, la modernisation de la chine a condamné ces entreprises. Du coup, cette région affiche les pires taux de chômage de la Chine, près de 30%, en priorité les femmes.
Quel est leur âge ?
En Chine, la prostitution est l’affaire de très jeunes femmes, généralement entre 20 et 27 ans. A 28 ans, la plupart cherchent un mari afin de ne pas passer la trentaine célibataire comme les encouragent la tradition et surtout la pression familiale.
A Paris, nombre de gourgandines sont d’un âge bien avancé. Pour beaucoup, elles n’auraient pas pu exercer ce métier en chine plus longtemps. Poursuivre cette activité à l’étranger est donc peut être leur seule solution ?
Combien sont elles sur le pavé de Paris ?
Selon les estimations des services de la préfecture de police, elles seraient plus de 500 à Paris avec une présence affirmée dans le quartier de Belleville (20ème arrondissement).
Maquereau
D’après ce qu’elles m’ont rapporté, elles n’auraient pas de protecteur, du moins, un homme dans le parage.
Quel est le coût du voyage en France ?
Les officines en tous genres offrent des services dispendieux pour des résultats incertains. Autour de 20 000 € pour les migrants de Wenzhou, entre 5 000 €~ 12 200 € pour les migrants de Dongbei
Qui prête cette somme ?
Cette somme est généralement collectée auprès des proches, des amis et des voisins avec une promesse de remboursement à échéance. Parfois l’argent est prêté par les organisations intermédiaires lesquels imposent des taux d’intérêts très élevés.
Où résident-elles ?
Le plus souvent, elles dorment dans des « chambres » ou sont rassemblés quatre à six filles. Nullement s’agit-il d’une collocation sympathique ! Le prix mensuel d’un lit est fixé 120€.
Coût de la passe
Le frais d’une passe se situerait entre 30€ et 50€, ce à quoi s’ajoutent souvent les frais de l’hôtel.
Connaissance du français
Très approximatif mais compréhensible.
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