En Chine, l’étranger est souvent un analphabète (wén máng 文盲)
Posté par ITgium le 9 mai 2013
A jùn mǎ 俊 马 tale
de François de la Chevalerie
Est il possible d’envisager une relation avec une femme chinoise ou avec un homme chinois ?
Quels bonheurs en perspective ?
Quels supplices attendus ?
Portons au débat un poncif entendu : le maintien d’une relation amoureuse est toujours possible si l’aveuglement des premiers temps ne prend pas trop le pas sur un nécessaire réalisme.
Car, après l’état de grâce, telle une véritable tornade, la différence culturelle s’engouffre par toutes les interstices, balaie tout sur son passage, bientôt l’amour des premiers jours.
Au nombre des dangers, un problème de taille, presque terrifiant, l’analphabétisme fréquent des occidentaux.
Dans les forums de discussion, rarement en est-il fait mention car c’est de loin l’aspect le plus cruel marquant souvent une relation entre une femme chinoise et un étranger.
Pour cause, il peut-être insurmontable, ingérable.
Sauf quelques rares sinophiles ou linguistes, beaucoup d’occidentaux s’aventurant en Chine se voient aussitôt accolés un encombrant épithète : analphabète (wén máng 文盲).
Vogue aussi un sobriquet peu reluisant : l’occidental ne sait ni le A ni le B (mù bù shí dīng 目不识丁).
Le site Weibo regorge d’anecdotes amusantes où pointent d’aimables piques mais aussi de la moquerie. Ce que d’aucuns déclarent légitime : « ils vivent dans notre pays et ne connaissent même pas notre écriture ! »
Selon l’UNESCO : « une personne est analphabète si elle ne peut à la fois lire et écrire, en le comprenant, un énoncé simple et bref se rapportant à sa vie quotidienne ».
En Occident, l’analphabétisme renvoie à une population arriérée, décalée, à l’extrême marge de la société, souvent incapable de se mouvoir dans le monde.
Bien évidemment, aucun expatrié ne se reconnaitra dans cette définition accablante mais telle est la situation de nombreux d’entre eux lorsqu’ils vivent en Chine.
S’en compteront certains qui à force d’acharnement maitriseront leur millier de caractère mais beaucoup, devant l’énormité de la tâche ou prisonnier de leurs occupations professionnelles, ne s’accompliront pas.
Du coup, ils vivent inévitablement dans une situation d’effrayante dépendance.
Tels des vieillards, atteints de maladie congénitale, ils se tiennent à la remorque de leur femme chinoise.
D’abord, elle s’en inquiètera, cherchant à aider.
Le temps venant, la compassion des premiers jours dissipée, elle fera ce qu’elle veut, comme cela l’arrange, souvent sans intention de nuire mais plutôt par facilité.
Face à une telle distorsion, le sourire se glacera, chacun emportant ses rêves en silence.
Ce silence, la mort de l’amour.
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