Amiante en Chine
Posté par ITgium le 29 mars 2013
Les écrits de jùn mǎ 俊 马
(François de la Chevalerie)
Sur cette page, les articles suivants :
(1) Amiante en Chine : données générales
(2) Le regard de la Chine sur l’amiante
(3) L’autre scandale de l’amiante en France
(4) L’affaire du Clémenceau
(5) Asbestos troublesome issue
Amiante en Chine : données générales
de jùn mǎ (François de la Chevalerie)
L’amiante chrysotile est toujours produite et utilisée en Chine (en 2012, 450 000 tonnes). De ce fait, les pathologies liées à l’exposition à l’amiante progressent à un rythme alarmant.
S’ajoutant aux 120 000 ouvriers travaillant dans les mines d’amiante, au 1 million de personnes employées dans la fabrication industrielle de produits contenant de la chrysolite, 80 millions de personnes supplémentaires sont également exposées à l’inhalation quotidienne de microfibres.
En Chine, les pathologies directement liées à la présence généralisée de fibres d’amiante concernent près 3 millions de personnes atteintes (cancer de la plèvre).
D’après des renseignements (par recoupement), dans la seule ville de Tianjin, 85 000 de personnes sont atteintes de ce mal. Toutefois plus de 300 000 toujours par trop exposées à ce produit pourraient l’être dans les dix prochaines années.
Afin de remédier à cette situation actuelle, depuis 2009, la China Non Metallic Minerals Industry laquelle institution chinoise supervise l’ensemble des enjeux liés à l’amiante en Chine a mis en place des actions telles que :
Sécurisation des lieux de production des produits à base d’amiante
Sécurisation des technologies de pose de l’amiante
Apport de solutions technologiques alternatives
Elaboration d’outils et de séances de formation
Elaboration de normes et de procédures (enlèvement, logistique, déchets, etc.)
Renforcement des normes
Information & communication du public
QUELLE EST L’ATTITUDE DE LA CHINE AU REGARD DE L’AMIANTE ?
De de jùn mǎ (François de la Chevalerie) et Jing Chao Zhao-Emonet
Quand les problèmes de désamiantage préoccupent davantage les Européens, quand le marché du désamiantage est devenu un marché prometteur avec un bel avenir pour le dépistage et des techniques d’élimination de déchets d’amiante en Europe, les Chinois viennent de sortir un rapport d’étude de marché sur les produits de l’amiante en Chine en Janvier 2008.
En tapant le mot clé « produits d’amiante » en chinois, sur le moteur de recherche de Google, on y trouve environ 168 000 entrées.
Donc, que se passe-t-il en Chine ? Quelle est l’attitude de la Chine au regard de l’amiante ? Pour aider les entreprises françaises et européennes à connaître ce marché chinois, il est nécessaire de prendre connaissance de l’actualité et de l’attitude de l’autorité chinoise sur ce sujet.
La Chine est un des sept pays qui a des réserves importantes d’amiante, classée en troisième position, derrière la Russie et le Canada. Ces réserves principales sont concentrées à l’ouest des trois provinces chinoises (Gansu, Qinghai et Xinjiang).
L’historique de la production industrielle chinoise de l’amiante commence dès le début des années 50 (du 20ème siècle).
Aujourd’hui, elle est devenue le deuxième pays en production d’amiante chrysotile et le premier pays en vente (une grande partie sur le marché domestique).
En 1996, la production nationale atteignait le sommet de 441 700 tonnes.
Suite à l’interdiction, dès 1997, de l’utilisation de l’amiante dans de nombreux pays et l’importation massive d’amiante Russe, la production chinoise a été freinée : en 2007, la production d’amiante était de 396 248 tonnes et l’importation d’environ 210 000 tonnes. En 2011 la consommation intérieure était d’environ 490 000 tonnes [1] .
Actuellement il y a 31 mines de grande ou moyenne taille en Chine. Parmi elles, 11 ont des réserves importantes [2] .
À ce jour, 120 000 chinois travaillent dans les mines d’amiante et plus d’un million dans la fabrication industrielle de produits contenant du chrysotile.
Il existe plus de 3 000 produits d’amiante en Chine, classés en 5 types : produits d’isolation, d’étanchéité, de freinage, de construction (amiante-ciment) et autres sortes de produits spéciaux.
L’amiante est un terme commercial, d’une variété de minéraux fibreux naturels.
Elle est classée en deux grandes familles : les amphiboles et les serpentines. La famille des amphiboles ((Na,K)0-1(Ca,Na,Fe,Mg)2(Mg,Fe,Al)5(Si,Al)8O22(OH)2) contient 5 membres : la crocidolite, l’amosite, l’anthophyllite, trémolite et l’actinolite.
La famille des serpentines n’a qu’un seul représentant commercial : le chrysotile ou l’amiante blanc (Mg3Si2O5(OH)4).
Ces deux familles ont des caractéristiques communes : la forme fibreuse, la haute résistance à la traction, la résistance aux produits chimiques et l’isolation.
Mais, elles ont aussi des caractéristiques très différentes : pour les amphiboles, les fibres sont droites, moins solubles, repoussent l’eau, contiennent de nombreux fers et résistent aux solutions acides.
Pour le chrysotile, les fibres sont ondulées ou bouclées, plus solubles, l’eau s’accroche aux fibres, contenant peu de fer et résistent aux solutions alcalines [3] .
Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, 95% de la production d’amiante est le chrysotile, le reste de 5% est à la famille de l’amphibole.
À ce jour, le danger sur la santé humaine pour la famille d’amphibole est reconnu presque dans le monde entier, y compris en Chine. La fermeture de toutes les mines d’amphibole en Chine peut remonter aux années 80 (du 20ème siècle).
Depuis le 1er Juillet 2002, la production, l’importation et l’utilisation de l’amphibole ont été interdites en Chine [4] [5]. En conséquence, toute la production d’amiante chinoise d’aujourd’hui est que le chrysotile.
Un débat mondial sur « l’amiante blanc », le chrysotile
Les caractéristiques des deux familles d’amiante étant différentes, le débat sur le plan international est concentré, depuis quelques années, sur la question de l’utilisation du chrysotile et de sa sécurité. Les opinions divisent le monde en deux camps opposés.
Le côté contre (anti-chrysotile), est mené par l’Union Européenne, l’Australie et le Chili, qui en demandent l’interdiction d’utiliser toutes les sortes d’amiante, y compris le chrysotile. Leurs arguments s’appuient sur des données scientifiques [6].
Ces recherches ont montré que certaines pathologies professionnelles malignes ou bénignes sont liées à l’exposition de l’amiante, comme le mésothéliome (un cancer de la plèvre), tumeurs bronchiques (adénocarcinomes ou carcinomes épidermoides), pleurales bénignes : pleurésie bénigne , pleurale diffuse, plaques pleurales (ou fibrose pleurale circonscrite), atélectasie par enroulement. Ces pathologies respiratoires se manifestent souvent après quelque dizaine d’années après l’exposition à l’amiante.
Le côté pour (pro-chrysotile), est mené par le Canada, suivi par la Russie, la Chine, l’Inde et le Brésil, s’appuyant sur de nouvelles données scientifiques [7], dans l’intention d’argumenter que le chrysotile ne présente pas de danger majeur pour la santé humaine, en mettant des normes de sécurité et de protection suffisantes sur les lieux de travail. Ces données de recherches ont montré l’existence de différences épidémiologiques marquées entre le chrysotile et les amphiboles.
Le chrysotile est beaucoup plus facile à éliminer du corps humain que les amphiboles. En plus, l’industrie d’aujourd’hui fabrique seulement des matériaux qui contiennent de l’amiante (ACM [8]) de haute densité, non friable. Les fibres du chrysotile sont encapsulées dans une matrice de ciment, ou de résine, ou autres.
Il en résulte que ce débat, entre les deux côtes, est tellement acharné qu’il se transformerait vite en une vraie guerre commerciale, d’où la Convention de Rotterdam (entrée en vigueur en 24 février, 2004).
Les pays membres de la Convention de Rotterdam, dont la Chine fait partie, doivent voter sur la proposition de soumettre le chrysotile à la procédure de “consentement préalable en connaissance de cause”, s’appelle aussi la procédure PIC (Prior Informed Consent) [9] . Ce vote à eu lieu lors de sa première réunion, le 18 Septembre 2004.
Pour les pays pro-chrysotile et les pays anti-chrysotile, ce jour a été un moment décisif. Juste avant cette réunion, la Chine se mobilisait très activement en ayant des échanges fréquents avec le Canada.
Finalement en 2004 et en 2006, le Canada et d’autres pays pro-chrysotile se sont objectés avec succès, le chrysotile n’a pas été inclus sur la liste de PIC. De ce fait, les pays anti-chrysotile ont été très déçus.
Mais cette guerre, loin d’être finie, continuera jusqu’à la prochaine réunion de la Convention de Rotterdam en octobre 2008 à Rome.
L’organisation et la politique d’industries de l’amiante
En Chine, cette industrie est représentée par la Commission de l’Industrie de l’Amiante, sous la direction de l’Association des Minéraux non Métalliques de Chine (fondée en 1987, ayant 16 commissions). Ses tâches comprennent : l’encadrement et la formation du métier, la coopération internationale pour l’échange d’informations, la consultation, les missions données par l’état et la communication avec le gouvernement central.
La politique chinoise sur l’utilisation de l’amiante est en bref :
1) l’interdiction des amphiboles.
2) l’autorisation de la production et de l’utilisation du chrysotile à condition d’être vigilant sur les mesures de protection pour les travailleurs et l’environnement.
Ces mesures de sécurité concernant l’utilisation de l’amiante sont : « Conventions No.162,1986 » et « Recommandation No.172, 1986 » de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Il existe aussi une vingtaine de normes chinoises concernant l’amiante chrysolite et ses dérivés .
Le marché chinois de traitement de l’amiante
Le marché chinois de désamiantage et traitement de l’amiante est très différent de celui de l’union européenne.
Il est orienté vers deux grands créneaux. Le premier est de limiter et de contrôler les poussières du chrysotile dans les mines et aussi sur le lieu de travail des usines de fabrication des produits d’ACM. Le deuxième est l’industrie de démolition des navires en fin de vie (domestiques ou importés).
Actuellement, dans les mines chinoises, l’installation de systèmes de prévention de poussières de la chrysolite est obligatoire. D’après la régulation nationale « Hygiene standard of industrial enterprise design (TJ36-79) », la teneur de l’air en chrysolite ne doit pas dépasser 2 mg/m3.
En réalité, dans les mines nouvelles, elles sont contrôlées à 2,5 3 mg/m3. Mais pour les mines plus anciennes, elles sont en général à 10 – 15 mg/m3, donc largement supérieure à la limite maximale de la norme.
Par contre et en général, dans les grandes entreprises de fabrication de produits d’ACM, la situation est meilleure, car les normes sont bien respectées, à l’exclusion de certaines petites entreprises privées, selon un article de Jingguang FAN publié en 2005 dans une revue chinoise « La protection de travail » [10].
Pour les navires fabriqués avant les années 80, l’amiante a été utilisée sans restriction. Dès les années 90, il a été interdit de l’utiliser dans les constructions navales. L’âge moyen des flottes partant à la casse est d’environ 30 ans : les vieux navires démolis à ce jour sont datés des années 70 et 80 et donc très pollués.
La quantité d’amiante présentée sur un navire est très variable de l’un à l’autre. Par exemple : le navire Clemenceau, pesant 25 000 tonnes, est estimé contenir entre 500 à 1 000 tonnes d’amiante (d’après rapport de Paul Röder et rapport Aage Bjorn Andersen), alors que seulement 900 à 1200 tonnes d’amiante (d’après l’association de défense du navire) pour le navire “Blue Lady” (l’ex-France), avec un poids de 46 000 tonnes soit, 1,84 fois plus lourd que le Clemenceau.
La chine est un des pays qui a des activités importantes de démolition navale.
La meilleure période de cette industrie s’est située entre 1998 et fin 2003 : elle a démoli au total 8,76 millions de TDL (Tonnes de Déplacement Lège) de navires, classée à la deuxième position, derrière l’Inde.
Mais depuis 2004 jusqu’à ce jour, cette industrie chinoise est en crise. D’une part, sur le plan international, les navires neufs ont un prix trop élevé, en conséquence il y a moins de navires en fin de vie qui se dirigent vers la casse.
Et d’autre part, le prix d’achats de ces vieux navires a été augmenté par la concurrence d’autres pays asiatiques comme l’Inde et le Bangladesh. Il en résulte que le démantèlement naval n’est plus rentable pour les entreprises chinoises, d’après une analyse de l’association de la démolition navale de la Chine (CNSA).
Cependant, la Chine a besoin de cette industrie pour récupérer l’acier et tous les autres métaux au service de son économie gourmande.
Dans l’intention de reconquérir ce marché, la Chine est en train de préparer son rebondissement et sa stratégie vise le développement en argumentant une industrie propre et verte.
Depuis 1988, le gouvernement chinois a promulgué : les « Mesures de prévention sur la pollution de l’environnement dans la démolition navale », les « Dispositions provisoires de sécurité et de protection de l’environnement pour l’industrie de démolition navale » et le « Guide des technologies de démantèlement des navires pour la prévention de la pollution de l’environnement » (élaborés par CNSA).
Des initiatives et démarches dans ce sens ont été multipliées ces dernières années.
Le 20 Mai 2003, la première formation professionnelle sur la protection de l’environnement pour la démolition navale a eu lieu dans un cadre d’un projet de coopération avec les Pays-Bas. Les participants chinois concernés par cette formation sont des dirigeants venus du gouvernement central et des directions locales.
En 2005 et 2006, deux réglementations : « General regulations on green ship recycling » et « Technical guideline for Pollution Prevention related to Shipbreaking » sont mises respectivement en œuvre par l’autorité chinoise.
La Chine a participé activement à l’élaboration de « La convention internationale sur le recyclage des navires » au sein de l’organisme maritime international (IMO), dont elle est membre.
Cette convention devrait être adoptée au cours des années 2008-2009. Une fois entrée en vigueur, la Chine prendra beaucoup d’avantages au niveau des conditions de travail et sur la protection de l’environnement par rapport à ses principaux concurrents : le Bangladesh et l’Inde (aussi membres de l’IMO).
Car cette convention implique le processus total de la démolition navale, par exemple : des règlements sur les traitements des matériaux dangereux (y compris l’amiante), sur les équipements nécessaires, sur les contrôles du processus, sur la sécurité, sur la formation du personnel de chantier et sur les mesures à prendre en cas d’urgence [11].
Sur ce marché ou l’âge moyen des navires traités est de 30 ans environ, il y a 200 à 600 grands navires commerciaux désarmés chaque année sur un total de 50 000 navires en service dans le monde. Entre 2008 et 2020, il y aura 95,7 millions TDL à démanteler, le volume de la démolition navale atteindra un pic en 2010 (17,9 millions TDL) [12].
Ceci représente une nouvelle opportunité pour la Chine, puisque selon la source de CNSA, onze entreprises chinoises ont déjà atteint les normes ISO [13] 14001 et OSHA [14] 18001 en 2008. C’est-à-dire qu’elles ont obtenu les certifications en ce qui concerne la gestion de l’environnement et de la santé.
La Chine est prête à saisir cette possibilité favorable pour regagner ce marché avec une capacité de « recyclage vert » estimée à un million de TDL par an et cette prévision devrait peser un poids non négligeable sur ce marché.
Le choix des technologies de traitement de l’amiante pour les pays émergents
Dans le domaine du traitement de l’amiante, quels types de technologies sont le mieux adaptés pour les deux créneaux indiqués ci-dessus ?
Malgré un PIB la classant en troisième place économique mondiale, la Chine est toujours considérée comme un pays en voie de développement. Dans ce contexte, quelques critères sont importants dans le choix des technologies pour un pays émergent.
Ils sont : (1) le coût d’équipements et de traitement, (2) l’utilisation de technologies faciles et simples, (3) la capacité de recyclage de l’amiante (transformation en matériaux non dangereux et réutilisables).
Sur le marché actuel du traitement de déchets d’amiante, il y a deux méthodes principales : l’enfouissement et la vitrification (par exemple la méthode INERTAM).
La première conserve les propriétés toxiques de l’amiante. La deuxième le transforme en un vitrifiât, atoxique, mais à un coût très élevé qui ne convient pas à un traitement local, sur les chantiers de démolition, dans les mines et sur les lieux de fabrication des produits d’ACM.
Pour cela, des nouvelles technologies innovantes sont en train de se développer, par exemple : celles d’AACM (Alternative Asbestos Control Method) de l’EPA aux États-Unis, celles de conversion thermochimique (TCCT) d’ARI Technologies Inc. et celles de Crystal-GuardTM, une solution chimique pour encapsuler les fibres d’amiante, de M-Tec Co. Ltd. au Japon, etc.
Tout récemment, en France, une nouvelle pousse de technologie innovante, IR & Amiante [15], vient de sortir de terre. Il s’agit d’une méthode issue d’un brevet qui transforme la structure cristalline de l’amiante en structure amorphe. Cette dernière est irréversible et inoffensive, donc réutilisable. Son équipement et son utilisation sont simples. Son coût d’opération est économique.
Tout cela a réuni les trois critères indiqués ci-dessus qui conviennent à l’utiliser sur les chantiers de démolition (bâtiments, navires . . .), dans les mines et sur les lieux de fabrication des produits d’ACM.
Des terres vierges pour des entreprises de technologies innovantes
Depuis le 11 Décembre 2001 la Chine est entrée officiellement dans l’OMC et son économie est de plus en plus intégrée dans l’économie mondiale.
Suite à son développement très rapide, ses problèmes d’environnement ont aussi explosé rapidement et gravement. Face à cette réalité, la Chine a commencé à les traiter dès le dixième plan quinquennal et a continué de les résoudre dans le onzième (2006-2011). Ces problèmes d’environnement sont de nouveaux défis pour un pays émergent. Ils concernent non seulement l’environnement global, mais également la qualité de vie de la population et soulèvent des risques sanitaires graves.
La Chine n’ayant pas encore toutes les technologies appropriées pour les traiter, cette situation offre des opportunités aux pays développés, qui sont plus avancées et plus d’expérimentés.
Malgré des sociétés environnementales internationales bien implantées en Chine, il reste encore des terres vierges, comme celles du traitement de l’amiante pour des sociétés de technologies innovantes. Ces sociétés pourront profiter du soutien politique, du marché qui existe, du coût de la main œuvre beaucoup mois élevé qu’en Europe et gagner du temps pour la mise en place de ces technologies.
[1] Source : « Comité d’Amiante de l’Association Professionnelle d’Industrie Minérale non Métallique »
[2] Source : « Association des Mines de la Chine »
[3] http://www.geo.wvu.edu/ lang/Geol484/Asbestos.pdf
[4] Source : Ministère du Commerce de la Chine
[5] http://www.inrs.fr/dossiers/amiante.html
[6] http://www.chu-rouen.fr/ssf/prod/amiante.html
[7] http://www.chrysotile.com/fr/sc%5Fpubli/default.aspx
[8] ACM : asbestos-containing material
[9] La procédure PIC est un mécanisme formel permettant d’obtenir et de communiquer les décisions des Parties importatrices d’importer ou non les produits chimiques inscrits à l’annexe III à la Convention, et de garantir que ces décisions sont respectées par les Parties exportatrices (http://www.pic.int/home_fr.php ?type=t&id=84).
[10] http://www.zybw.net/NewsDetails.aspx ?infoId=2111&type=25
[11] http://www.imo.org
[12] http://ec.europa.eu/environment/waste/ships/pdf/ship_dismantling_report.pdf : European Commission Directorate General Environment : Ship Dismantling and Pre-cleaning of Ships – Final report
[13] ISO : International Organization for Standardization
[14] OHSAS : Occupational Health and Safety Assessment Series
[15] http://www.iramiante.com/
L’autre scandale de l’amiante
de jùn mǎ (François de la Chevalerie)
Résumé
Aujourd’hui, seulement 3,5 % des bâtiments abritant de l’amiante ont été traités en France. Quelles sont les raisons de cette étonnante situation alors que le danger est connu ?
Article
Compte tenu des moyens actuels, il faudrait deux siècles avant de débarrasser la France d’un matériau dont la nocivité a été reconnue en 1997. Selon une étude réalisée à Bruxelles, un adulte européen sur sept présenterait des signes pulmonaires d’exposition à l’amiante.
En France, 10 000 cas ont déjà été diagnostiqués, 100 000 morts pronostiqués d’ici 2025 !
Malgré l’urgence, pourquoi l’éradication de l’amiante n’est-elle pas entreprise de manière systématique ? Souvent méconnue, la raison de cette situation tient au coût exorbitant de son enlèvement.
En moyenne, 1350 euros la tonne extraite. A cela, s’ajoutent des charges : immobilisation du bâtiment pendant la durée des travaux, transfert du personnel vers un autre site, réorganisation de la logistique, etc. Outre une facture lourde, d’autres raisons contribuent à la lenteur des opérations de désamiantage.
Dans le secteur privé, chaque entreprise se détermine au regard de ses coûts généraux. Faute de trésorerie, beaucoup s’en exonèrent.
Si elles y répondent, la plupart échelonnent les travaux sur plusieurs années.
Si certaines sociétés administrent leur patrimoine, d’autres en externalisent la gestion auprès de sociétés de conseil. Inévitablement, ces dernières hésiteront à suggérer à leur client ce surcoût si, comme c’est souvent le cas, elles leur garantissent des charges d’exploitation à taux faible.
Autre difficulté, la multiplication de propriétaires sur un même site conduit à une quasi impossibilité de faire. Comment créer un « besoin commun » parmi la centaine de propriétaires de la Tour Montparnasse alors que chacun prétexte d’une situation particulière.
Comment faire valoir à une société du golfe arabique qu’elle devra provisionner une somme importante alors que dans son pays nulle loi ne l’y oblige ? De telle sorte que le désamiantage de la Tour, aujourd’hui en cours, n’est pas simple. A ces éléments, s’ajoute la perspective de repli du marché immobilier.
A chaque exercice, les actifs sont réactualisés. En cas de baisse, il faudra envisager une dépréciation d’actifs, laquelle grèvera les comptes.
Les gestionnaires seront alors tentés de reporter la décision de désamianter dans l’attente d’une remontée des prix.
Le secteur public se comporte-t-il mieux ?
Même si des plans existent, beaucoup sont réajustés à la baisse s’ils ne sont pas biaisés.
Certains programmes trient entre les urgences alors que tout bâtiment douteux devrait être traité. Bien que la responsabilité de l’Etat soit engagée, l’attentisme domine sous fonds de manque d’argent. Faute de budgets, des drames se profilent.
Alors que la plupart des hôpitaux construits dans les années soixante regorgent d’amiante, peu ont été traités. Au CHU de Caen, parmi le personnel hospitalier, des pathologies liées aux fibres ont été constatées. Dans l’urgence, la direction a acté un plan de 140 millions d’euros sur cinq ans.
Cet immobilisme prend parfois des allures étonnantes comme en témoigne le cas de la maison des Sciences de l’homme à Paris. Considérablement exposés, ses occupants – des chercheurs sensibles au charme du quartier Latin – n’ont manifesté aucune hâte à la quitter.
Après maintes tergiversations, l’autorité de tutelle a décidé de délocaliser l’établissement en banlieue. La palme de la mauvaise gestion revient au chantier de la faculté de Jussieu. Depuis 2002, les opérations sont menées chaotiquement. Les travaux ne sont toujours pas achevés.
Même si beaucoup de bâtiments publics sont toujours encombrés de fibres mortelles, apparemment cela ne suffit pas pour suggérer une politique radicale. Pendant ce temps, la liste des victimes s’allonge.
La réduction de la facture de l’enlèvement de l’amiante passe par la mise en œuvre de procédés moins coûteux, plus sûrs. Toutefois la configuration actuelle des acteurs du marché complique la tâche.
D’un côté, un petit nombre de désamianteurs incapables de répondre à la demande, de l’autre, des lieux de stockage ou d’ inertage des déchets aux coûts rédhibitoires et, au milieu, l’inertie « contrainte » des pouvoirs publics. Pourtant des chercheurs ont élaboré d’autres solutions.
Alors que le bon sens suggérait l’idée de les accompagner, de multiples contraintes entravent leur initiative. Faute d’aider à des options alternatives, l’émergence d’une filière française de l’amiante restera un vœu pieu.
Pourtant, l’enjeu en vaut doublement la peine : mettre un terme à un fléau toujours persistant et faire de la France, la tête de proue de la résorption de l’amiante en Europe.
L’affaire du Clémenceau
de jùn mǎ (François de la Chevalerie)
Abstract
L’inexistence de volontarisme de la part de l’Etat et la difficulté de rassembler diverses compétences conduisent à l’impossibilité de mettre en place d’une véritable filière française de déconstruction des navires. Le cas du Clémenceau.
Article
La déconstruction des navires est inséparable d’un préalable, leur dépollution.
Celle-ci recouvre plusieurs expertises lesquelles méthodiquement rassemblées pourraient donner naissance à un savoir faire globalisé et opérationnel.
Le marché est là : 600 coques de navire à dépolluer dans le monde et ce, sans compter avec d’autres secteurs, par exemple, le matériel ferroviaire.
Malheureusement, comme en témoigne l’affaire du Clémenceau, la technologie française se présente en ordre dispersé, sans pilotage. De surcroît, les pouvoirs publics n’apparaissent pas sérieusement impliqués dans la mise en place d’une « filière française de dépollution des navires ».
De fait, le Clémenceau aurait pu être emblématique de l’existence d’une compétence française dans ce domaine, ce qui n’a pas été le cas.
Au nombre des enjeux, le désamiantage du navire. Malgré une large couverture médiatique, ponctuée d’innombrables péripéties, rien n’a été fait pour apporter une solution française à ce problème.
Nous en avons fait l’amère et instructive expérience.
Disposant d’une technologie de traitement et d’inertage de l’amiante que nous développons dans le cadre de la société Techmé ( IR & Amiante ), aussitôt lancé l’appel à candidature pour le marché public de démantèlement de la coque Q790 (Clémenceau) en novembre 2006, nous avons cherché à prendre contact avec des partenaires possibles.
D’une part, auprès le Ministère de la Défense, gestionnaire du dossier. D’autre part, auprès des sociétés Veolia Propreté, laquelle souhaitait renforcer ses activités dans le recyclage avec l’installation d’une filière de démantèlement à Bordeaux et Suez : toutes deux ayant participé à l’appel d’offres.
Nous leur proposions l’application d’un traitement in situ de l’amiante selon une solution physico-chimique douce à base aqueuse permettant le dépoussiérage, l’enrobage et la consolidation mécanique des flocages d’amiante friable.
Ces solutions permettent une avancée significative dans deux directions : d’une part, la sécurisation des conditions de travail sur les chantiers de désamiantage et, d’autre part, la réduction et la stabilisation des niveaux d’empoussièrement (teneur en microfibres par litre d’air).
Nous avions alors la conviction que tous ensemble, nous pouvions faire mentir l’incapacité des français à apporter une réponse à ce problème.
Qui plus est, fort d’une expertise commune, nous aurions pu exporter ce savoir faire en aidant à la sécurisation des chantiers de démantèlement, notamment, à destination des ouvriers de la baie d’Alang (Inde) lesquels désossent des épaves dans des conditions épouvantables. Point de départ aussi de l’affaire du Clémenceau.
Naguère pilier du savoir faire français, à notre sens, le Clemenceau pouvait le redevenir en la forme d’un chantier pilote porté par une véritable politique industrielle et environnementale.
Malgré notre détermination et de multiples relances, nous n’avons reçu aucune réponse ni de la part du Ministère de la Défense pas davantage des sociétés ci-dessus mentionnées.
Ou la négligence. Ou le mépris. Peut-être ont-ils considéré qu’il n’y avait pas à traiter avec une petite entreprise en gestation, ce que nous sommes.
Au final, la société britannique Able UK Ltd a empoché le marché.
Moins frileuse que les sociétés françaises, cette société a pris contact avec nous. Aujourd’hui, nous avons lancé avec celle-ci une série d’essais in situ. Nous pouvons enfin mettre en œuvre notre technologie. Si les résultats s’avèrent positifs, les anglais disposeront alors d’une expertise consolidée en dépollution.
Triste histoire !…
Voilà donc un savoir faire français qui se délocalise faute d’écoute et de la nécessité de se rassembler, faute aussi d’un véritable volontarisme de la part de l’Etat de mettre en œuvre une filière française de déconstruction des navires.
Asbestos troublesome issue
de jùn mǎ (François de la Chevalerie)
Why the diseases linked to the inhalation of dust asbestos are spreading? Today, the main reason is the huge cost of the asbestos removal operation.
Today, in Western Europe, only 3.5% of buildings with asbestos have been treated. At least, it should take three centuries before getting rid of this extremely harm material.
Indeed diseases linked to dust asbestos inhalation are spreading: pulmonary fibrosis, pleural plaques, and lung cancer.
According to an incubation period of 15/20 years, asbestos kills inexorably. In Europe, 20000 cases each year have been diagnosed, 100000 deaths by 2025! A study made by the Erasmus Hospital in Brussels suggests that an adult on seven European bring pulmonary asbestos signs exposure.
The main reason of this situation is the huge cost of the asbestos removal, approximately 1350 Euros per ton.
But others charges has to be added: building’s immobilization during the operation, staff settlement in another site, logistics reorganization, etc. For example, for a building covering an area of 10000 m2, the cost could approach 20 M є.
Even if health emergency should be the only matter, the reality is different. The decision to carry out asbestos depends mainly on each company’s direction. They assess its adequacy in relation with their overall costs and other priorities. Without cash, some companies exempt themselves of the work. Uneasy task! If they meet this burden, they will require equal savings! Moreover, final cost is rarely established. In Europe, final budget overruns 25% of the initial cost. Given these factors, real estate companies are unable to undertake the work as a whole. Through a several years plan, some companies managed directly their heritage, others outsourced the asbestos removal organization to specialized consulting firms.
If many owners are hosted in the same building, sometimes it led to impossibility to launch the work. As an example, the Paris Tour Montparnasse is significant with its 90 owners (individuals, off shores companies, financial fund, etc.) How to create a « common need » while everyone has a particular situation. Could an Arabic Gulf owner pay 150000 Euros for its 400 m2 while in his country no law required it? The housing financial crisis brings even more uncertainties. Due to a decline of their assets, waiting for a more prosperous time, the managers will be tempted to postpone asbestos removal operations.
Could the Public sector perform it better?
Although action plans exist, many programs sort between emergencies while any building containing asbestos has to be treated. Lack of financial means is the obvious reason! Governments are paralyzed as evidenced by the critical hospital public situation. A great majority of them were built in the sixties with asbestos. While the fact is known, few have been treated.
Unfortunately, exposure to asbestos continues his work, contaminating patients and the hospital staff. In Caen hospital (France), among the employees, diseases linked to asbestos inhalation are spreading. A 140 million Euros emergency plan has been decided. While the establishment should have been closed, activity continues. In Paris, the Sciences de l’Homme house, a six-story building is full of asbestos.
The government has agreed to relocate its activities in the Paris suburbs. Incomprehensibly the decision provoked the anger of the occupants even if they are heavily exposed. However, the mismanagement gold palm belongs to the Jussieu University. While it would have been necessary to close the building, operations were delayed. In spite of the dead of 20 people among the academic staff, the work is still unfinished.
Although the asbestos responsibility is punished by the courts, despite the claims, apparently it is not enough to suggest a more radical policy. Meanwhile, the devastation caused by mineral fibres is continuing.
How to remedy it? Two options should be considered. On the first hand, the reduction of the removal cost requires the implementation of other processes. The today, plasma torch technology, is very expensive. Other proposals must be considered and first of all, technical’s validation. Moreover, given the complexity of operations, specialized companies could shoulder the burden, organizing all operations, promoting the elimination of asbestos in the shortest possible time.
Instead of giving up, it is best to encourage the emergence of an innovative solution. The challenge worth it to stop this scourge, always persistent!
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