L’entrepreneur, bouc émissaire du patriotisme du gouvernement
Posté par ITgium le 4 août 2012
L’entrepreneur, bouc émissaire du patriotisme du gouvernement
François de la Chevalerie, Le Monde du 25 Juillet 2012
Le mot surprend. De la voix des membres du gouvernement, il revient tel un slogan. A l’identité nationale, vertèbre du précédant quinquennat, succède désormais le patriotisme.
Supposés patriotes sont ceux qui adhèrent à l’idée de justice formulée par le pouvoir. Supposés patriotes sont ceux qui maintiennent leur activité en France. Supposés patriotes sont ceux qui créent de l’emploi plutôt que de se nantir.
Dans le viseur, l’entrepreneur en lieu et place de l’immigré et de ses descendants. Entrepreneurs de longue date ayant donné naissance à de grandes sociétés, entrepreneurs d’aujourd’hui. Ce peut être chacun de nous, ayant un jour le projet de voler de nos propres ailes pour gagner de l’argent.
Loin d’une conception hasardeuse de l’esprit, l’entrepreneur assume son destin en créant, en produisant et en pérennisant des richesses.
Pour cela, il se pare d’une foi inébranlable : croire et se dédier entièrement à son objectif.
Aussitôt dit, il puise dans son bas de laine, rassemble des économies, jongle avec les hypothèques. Dans la phase de démarrage, il se contente d’un salaire de pacotille ou de rien. Dans le cas des entreprises innovantes, il sacrifie plusieurs années de revenu. Jouant marginalement, toutes les aides et incitations publiques n’y feront rien, seule compte sa capacité à mobiliser de l’énergie, du temps et de l’argent.
Une fois dans l’arène, il a l’œil rivé sur une trésorerie souvent chancelante. A la moindre incertitude, il se saigne encore plus. A la moindre bévue, le tribunal. Et, par temps de crise, les attaques sont encore plus frontales.
Il rame, l’entrepreneur ! Mais jusqu’à quand ? Ne serait-il pas, en France, une espèce en voie de disparition ?
Pas une année ne se passe sans qu’une nouvelle Loi ne lui impose de se mettre aux ordres ! Des Lois en apparence utiles : règles de sécurité, prise en compte du handicap, des discriminations, etc. Des lois sous couvert de slogan comme la responsabilité sociale de l’entreprise. Des lois enchâssées dans la constitution tel le motif de précaution, cruelle épée de Damoclès des entreprises innovantes. Des lois telles des injonctions, le poussant à des recrutements ciblés, atteignant par là son pouvoir de décision. Des lois pullulant, s’aggravant.
Obligé de déchiffrer un salmigondis de textes, distrait alors de son objectif, il se réincarne en une machine administrative où il n’est plus tout à fait maître à bord.
Aux lois, s’ajoute aujourd’hui une valse de mesures visant à récupérer de l’argent coûte que coûte. En ligne de mire, entre autres, l’entrepreneur déclaré enrichi.
Comme il a créé son activité à la sueur de son front, il entend naturellement en céder les fruits à sa famille. Ne voilà-t-il pas qu’on lui demande de contribuer davantage lors de sa succession ?
Ne voilà-t-il pas qu’il devra payer une dîme accrue pour toute récompense d’une fortune acquise au prix de beaucoup de renoncement ? Double peine !
Ne voilà-t-il pas qu’on le suspecte de patriotisme. Triple pleine !
Déjà Il se sentait le mal aimé d’un gouvernement où les entrepreneurs au gré d’un véritable déni de représentation sont absents ! Un gouvernement où, à ma connaissance, aucun membre n’a jamais investi le moindre pécule sur ses propres deniers pour créer de la richesse. Serait-ce le projet du quinquennat, la délivrance d’un brevet de patriotisme ?
L’équilibre est alors rompu. Il s’interroge alors.
A quoi sert-il au juste ? De poudre à canon ? De levier pour créer de l’emploi tout en faisant en même temps maigre ? Toujours suspecté, aussitôt dépouillé ? Serait-il devenu l’idiot utile de la République ?
A force de le mettre en coupe règle, sa foi se démembre. Dès lors la vache à lait pourrait s’avérer moins prometteuse ! Il finira par lâcher prise, s’en allant avec armes et bagages vers l’assistanat, véritable cour des miracles. Naguère le patriotisme secrétait Verdun. Aujourd’hui il annonce la déroute de l’esprit d’initiative, de l’engagement personnel.
Alors que la France est en manque d’argent, seul reste l’artiste, à l’image des légendes qui lui ont donné de remarquables réussites : Michelin, Boussac, Wendel, Peugeot, Citroën, Dassault, Schneider et bien d’autres. En le malmenant, comment assurer alors le redressement productif ?
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