Le sculpteur des femmes envoloppées, Xu Hongfei
Posté par ITgium le 3 août 2012
De François de la Chevalerie, juillet 2012
Lors d’une conférence à Qingxin, dans la province du Guangdong, en juillet 2012, j’ai fait la connaissance de Xu Hongfei, un sculpteur de talent.
Hasard de la vie ou rencontre prédestinée ?
Alors que j’ignorais son travail, j’ai tout de suite été saisi par une présence imposante. Non par l’enveloppe. L’homme est de petite taille et maigrichon, le visage orné d’une moustache méticuleusement découpée. D’un air discipliné, Il fume continument une pipe façonnée en bruyère.
L’œil baladeur, il se fend d’un regard vers tout ce qui bouge. C’est ainsi qu’il m’a observé. L’observant aussi, nous avons parlé. De choses et d’autres, d’art surtout ou de ce qu’il en reste. Il m’a dit que sans le renouvellement de son art, la Chine ne pourrait pas s’ouvrir au monde. Dodelinant de la tête, j’ai acquiescé favorablement.
Satisfait, il enjoint alors son secrétaire de me donner deux livres au fort poids présentant son œuvre. Ne les avais je pas encore lu, qu’ils m’épuisaient déjà !
Par politesse, j’ai jeté un coup d’œil.
D’emblée ai-je dit le mot qui pouvait fâcher : « Quel drôle de ressemblance avec Botero ! »
Il ne s’en est pas formalisé, prend plutôt une pincée de tabac, accommode sa pipe.
Au tournant de sa carrière, à la fin des années quatre vingt dix, Xu Hongfei prend goût aux femmes potelées, de la chair à n’en plus finir, des varices pleines à craquer. En bronze, en marbre blanc, en bois précieux, de gros tas qui se plaisent dans toutes sortes de contorsions. Recroquevillés, dansant, sautant. De tous âges, parfois nombreuses ou avançant en groupe. Parfois, s’adonnant au cul, à deux, à trois ou s’amusant à montrer de beaux restes.
Un peu dégueulasse tout cela ?
Non ! Une véritable cohérence artistique contre l’absurdité de la prégnance de la beauté. Montrer l’inverse à ce point constitue une belle revanche pour la laideur.
Parée d’une laideur ostentatoire, la Chubby a gagné ses galons !
Mais Xu Hongfei est prudent.
L’on ne voit aucune femme sur un piédestal, haranguant les foules, réclamant l’avènement d’ondes nouvelles comme la démocratie. Membre de diverses académies officielles, Xu Hongfei ne s’aventure pas vraiment.
On le questionne alors.
Il tend alors son ventre comme pour faire descendre une pesanteur. Pourtant il est d’une maigreur presque maladive comme ses femmes se prêtent à une grosseur à faire frémir.
Il n’en dira pas plus, tout occupé qu’il est à l’allumage de sa pipe. Il pointe son briquet à gaz, le feu prend. Il tasse ensuite le brasier avec un bourre-pipe.
Le tout fait, il me jette une charge nuageuse au visage.
Sourit encore, fait volte face et puis s’en va.
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