Le oui de la Chine au nom de la France
Posté par ITgium le 30 avril 2009
A priori, il n’existe pas de position déclarée de la Chine sur la constitution européenne, pas davantage le sujet ne fait débat dans la presse. La Chine a bien davantage l’œil rivé sur ses voisins, le Japon, la dangereuse Corée du Nord, le pourtour asiatique, l’Inde. Elle s’y déploie désormais très activement et sans complexe. Partout, elle affirme ses choix, son autorité. A la conférence de Bandoeng, version 2005, elle a confirmé son rôle de leader d’entre les pays asiatiques et africains. Chassés les démons de la division, le Président Hu Jintao a appelé de ses vœux lors de la visite du président du Kuomingtan en Chine continentale que les deux Chine fassent désormais bloc dans le monde.
Pour autant, la Chine se désintéresse-t-elle de notre petit pays ? Rien n’est moins sûr ! Partout, en Chine, nos concitoyens éprouveront l’heureuse sensation que la France est aimée. Son art de vivre, ses voitures, ses avions et, de gratitude en gratitude, surgit une véritable émotion. De Canton à Shanghai en passant par Tianjin, à la seule évocation de notre pays, les visages s’illuminent sous de chaleureux sourires. Nullement chahutée par les différends commerciaux, cet accueil bienveillant est le produit d’un long compagnonnage. Des 1964, la France reconnaît la Chine. Dans la foulée, Malraux dialogue avec Mao. En 1967, lorsque le Général de Gaulle se rend à Pnom Penh, grâce lui est rendu de tempérer les ardeurs américaines. Les gérontocrates chinois aimaient le vieux général. Comme eux, il a connu les invasions, les guerres, l’isolement. Le sentiment d’être tout et rien en même temps.
Laissera-t-on croire que la Chine, aujourd’hui arrimée à une phénoménale croissance économique n’aurait de goût que pour la puissance ? Certes elle brille à chaque coin de rue, flamboyante et étincelante, sous la forme de gigantesques tours, toujours plus hautes. La force aujourd’hui mais demain ? Conscients de l’existence de goulots d’étranglement, d’une campagne par endroits misérables ou du décalage des richesses, les autorités chinoises poursuivent une politique habile. Assumant ses taches régaliennes, l’Etat est volontariste, donne le rythme, rectifie les débordements tout en laissant libre cours à l’entreprenariat privé. Comme en France où l’Etat, dans ses meilleures années, a creusé le sillon. Lorsque le Président Chinois s’est rendu lors de la visite officielle en France (janvier 2004) dans le bureau naguère occupé par général de Gaulle, il voulait témoigner de l’histoire mais aussi de valeurs partagées, du sens de l’Etat. Comment maintenir l’équilibre ? Comment se projeter dans le futur en faisant toujours rimer croissance économique et solidarité ?
Au fond, ces mêmes questions sont au cœur du débat sur le referendum sur la constitution européenne. En ce sens, la Chine est à notre écoute. Si elle n’a peut-être plus cours en Europe, la voix de la France fait encore sens dans l’Empire du milieu. Non point le nombre de divisions ou le chiffre d’affaires mais l’étrange alchimie d’une vision de l’avenir. Comme en France, cet enjeu est le point névralgique de la politique Chinoise. Comment avancer avec détermination sans ébranler les fondements d’un pays, d’une vie commune. Le oui de la Chine au nom de la France, c’est la reconnaître la légitimité de cette inquiétude. Quelle sera la réponse de la France ? Quelle sera la nôtre ? se demandent tout autant les dignitaires chinois.